Le Retour de Frank James (The Return of Frank James) (1940) de Fritz Lang

Dans la foulée du Jesse James réalisé par Henry King, on retrouve Fritz Lang aux manettes avec, entre autres, Henry Fonda (Frank James) et John Carradine (Bob Ford) qui endossent le même rôle; Gene Tierney, dont c'est ici le tout premier rôle, complète cette distribution de choix et illumine (ne cherchez aucune objectivité de ma part - les photogrammes le prouvent...) de ses apparitions ce film certes propre, carré, mais un peu décevant tout de même venant de Lang. Très peu de réalité historique dans cette suite, Henry Fonda incarnant ici avant tout un homme épris de vengeance et de justice, sortant blanc comme neige de ce mic mac sans même avoir descendu l'un des frères Ford. Bref, le héros parfait qui trouve en plus le temps de flirter avec une Gene Tierney plus fraîche qu'un edelweiss.

Le sang de Frank James ne fait qu'un tour lorsqu'il apprend que les frères Ford responsables de la mort de son frère ont été acquittés. Associé malgré lui au tout jeune Clem (Jackie Cooper) qui suit son idole, il part dévaliser une gare (il a un certain contentieux avec les chemins de fer...) pour avoir la thunasse suffisante pour réaliser son projet - le chef de gare périt dans la bagarre, recevant une balle des hommes qui cherchent à mettre la main sur Frank - po de bol. L'un des frères Ford, lors d'un échange de tir, meurt également accidentellement et plutôt que de poursuivre le second, Frank, influencé en partie par Gene Tierney, décide de s'occuper de Pinky, son fidèle servant black, accusé à tort d'être complice dans la mort du chef de gare. Frank se rend, est jugé, sort blanchi et part dans la foulée aux trousses de Bob. Une nouvelle fois, le destin lui sera favorable...

Une solide interprétation (tous les seconds rôles pourraient être cités), un technicolor irréprochable, quelques séquences rondement menées (dans le théâtre où les frères Ford jouent l'assassinat de Jesse James en se donnant frauduleusement le bon rôle : belle intervention d'un Frank James, justicier filmé en contre-plongée, qui provoque une panique générale; les courses poursuites en chevaux sont absolument trépidantes et magnifiquement filmées; le jugement au tribunal, qui vire souvent à un règlement de compte entre le Sud et le Nord, a son lot de petites phrases saignantes ("Je dois réfléchir avant de parler, je ne suis point un avocat" lance un Frank James, droit dans ses bottes, en ridiculisant la défense) et on a en prime quelques instants apaisés entre Henry Fonda et Gene Tierney (ok, elle a un rôle un peu quiche en journaliste débutante mais à chacun de ces regards d'une douceur inouïe, on lui donnerait le bon Dieu sans confession) qui donnent sa petite dose de charme à ce western correct. Pas un grand Lang, nan, mais une bonne copie qui lance la - trop courte - carrière de Gene. Et cela suffit pour ensoleiller encore un peu plus ce début de journée printanière.       

Go old west, here

Comments

[princecranoir]

Ah... Gene Tierney. On irait jusqu'à vendre son propre frère pour des yeux pareils ! (un fils unique qui ne prend pas de risque)