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12 février 2010

L'Averse (Shu-u) (1956) de Mikio Naruse

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Les petits aléas au quotidien de la vie en couple, sauce narusienne, une comédie douce-amère dans laquelle Setsuko Hara et Shûji Sano ne cessent de s'envoyer de petites piques insidieuses (ou de "se renvoyer la balle" pour faire allusion à la séquence finale, genre de "screwball comedy" nippone en quelque sorte). Les discussions commencent toujours sur un ton plutôt badin, mais il y a, au bout du compte, comme une sorte de malaise qui finit par transpirer de ce ménage (seulement quatre ans d'union qui en paraissent quarante...). Setsuko Hara a beau cacher ses désillusions derrière son célèbre grand sourire, on sent bien que ce n'est pas l'éclate au niveau conjugal; même si Naruse semble dire que c'est le lot de la vie en couple - finalement rien ne change et chacun finit par s'adapter (l'averse finit toujours par passer...) à ces petits désagréments au quotidien (Setsuko, dans une scène à la fin du film qui fait écho à la toute première, continue de découper les recettes dans le journal de son mari avant que ce dernier ne l'ait lu) -, le constat est un poil amer...

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Deux longues séquences en introduction : Setsuko et son mari n'ont pas vraiment l'air sur la même longueur d'onde quant à la façon de passer leur dimanche; puis, une fois celui-ci parti faire un tour, survient la nièce de Setsuko qui revient tout juste de sa lune de miel : elle accable son mari, toute choquée par son attitude (des broutilles : sa façon de dormir lors du voyage en train ou d'adresser la parole aux serveuses à l'hôtel...) mais la pauvrette est toute froissée, au bord des larmes; Setsuko tente de la rassurer puis son mari, de retour, en remet une couche, dressant un véritable portrait psychologique du jeune marié mâle lambda... La nièce est surtout stupéfaite de voir à quel point Setsuko répète tout ce qu'elle lui a confié à son mari, et semble finalement surtout regretter d'être venue se plaindre sur son sort... Bienvenue dans la vie conjugale, semble nous dire le gars Naruse, où chacun doit faire face, de son côté, à ses petits tracas. De nouveaux voisins, un jeune couple, viennent également de s'installer dans la maison jouxtant celle de Setsuko et son mari... Rapidement des atomes crochus, ou tout du moins un certain feeling, semblent se créer entre le mari de Setsuko et la jeune femme (ils vont ensemble au cinoche pendant que leurs partenaires respectifs préfèrent rester à la casa) et le voisin de confier au mari de Setsuko (les deux se retrouvant dans leurs jardins respectifs à se brosser les dents, c'est assez mignon...) qu'il admire celle-ci toujours aux petits soins pour son homme... Eh ouais, on est toujours plus aptes à trouver des qualités chez les autres qu'au sein de son propre ménage, c'est la vie, semble nous avouer laconiquement le père Naruse.

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S'en suivent de petites vignettes mettant en scène les petites frustrations au quotidien (les problèmes de voisinage - Setsuko s'occupant d'un chien errant qui crée des troubles et dont elle est jugée directement responsable -, Setsuko toute contrite de s'être fait voler son portefeuille pendant qu'elle faisait les courses, son mari semblant se faire un ulcère à cause de son taff...) donnant au film une ambiance un tantinet pesante. Le plus dur à vivre pour Setsuko semble surtout le fait que son mari se refuse de la voir travailler : il y a là tout le poids de la tradition plus une évidente fierté, à tel point qu'on se demande comment notre pauvre Setsuko parviendra vraiment à s'épanouir auprès de cet homme... Une suite de petites saynètes qui sentent un peu le renfermé (on est le plus souvent entre quatre murs) mais qui bénéficient tout de même de dialogues assez enlevés : sûrement pas un chef-d'oeuvre du cinéaste, mais un honnête film de transition avec ce portrait finement ciselé d'un couple au sein duquel le mari semble définitivement plus tourné vers le passé que vers l'avenir (son désir de reprendre la ferme familiale plutôt que de se lancer dans l'ouverture d'un resto aux côtés de sa femme). Pas mal, oui, d'autant qu'il faut avouer que c'est toujours un vrai bonheur de retrouver Setsuko Hara d'une grâce et d'un naturel confondants, même dans ce genre de rôle de femme très ordinaire un peu plan-plan.       

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Le film porte également le nom de "Pluie soudaine" (rétrospective Naruse/Maison du Japon).
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