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2 février 2010

Orfeu Negro (1959) de Marcel Camus

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Festival de couleurs que cette version bossa novée du mythe d'Orphée : fi de la pauvreté des favelas pour laisser la place au carnaval, à la musique, à l'amour, à la joie et... patatra, à la tragédie aussi. Je ne pense point avoir jamais eu auparavant l'occase de tomber sur ce film, et il faut reconnaître que c'est un vrai régal au niveau de l'image, un peu comme si Jacques Demy avait débarqué à Rio avec ses pinceaux fluo. Black is beautiful, definitely, et même si le gars Orphée va en mordre son costume de s'être retourné en entendant une ultime fois la voix de son Eurydice, il sera tout au long du film particulièrement bien entouré, sensuellement parlant : de sa fiancée Mira à la poitrine avantageuse (Lourdes de Oliveira, po un hasard, moi je dis) à Eurydice belle comme un coeur en passant par la cousine Séraphine qui envoie grave du petit bois, franchement, on ne sait plus où donner de la tête... C'est d'ailleurs, d'entrée de jeu, un véritable tourbillon d'allégresse et faut reconnaître que le montage est au taquet, diablement en rythme avec la musique quasiment tout du long; on se surprend à entreprendre quelques pas de samba sur son canap, même si on sait, franchement, qu'on ne fait pas le poids.

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Certes, on a un peu peur, au départ, du côté un peu kitsch de la chose ou des comédiens surjouant un poil, mais rapidement on reprend ses esprits et on oublie notre causticité mal placée, tournant autour de la télé d'un pas agile sous le regard hagard du chien qui se demande si son Pal de la veille n'était pas trafiqué. Quand le type, dans un costume de la mort qui déchire, fait des apparitions pour ravir la belle Eurydice, on tourne nos regards vers la poitrine méchamment pectorisée du bel Orphée, en espérant que notre homme, sa voix doucereuse et ses airs mélancoliques à mourir sur pied, finiront par déjouer à eux seuls la fin tragique du mythe... En vain, ouais, la pauvre Eurydice finissant carrément carbonisée dans un terminal de tramway infernal. Certes, Camus n'est pas rat dans les spots rouges diaboliques, n'hésitant jamais à rajouter une ptite touche de lumière teintée alors même qu'on avait l'impression d'avoir déjà la mire sous ses yeux; mais c'est vraiment de bonne guerre tant son film est un défilé terriblement chamarré qui nous emporte sur son passage... La beauté des couchers de soleil et la passion amoureuse semblent flinguer sur pied la pauvreté des favelas, et même si tout cela n'est peut-être qu'un fantasme de cinéaste, on tente d'y croire avec lui jusqu'au bout - le temps d'un film, le temps d'un carnaval... Ah, si seulement je pouvais avoir le même pas de danse de folaille que la gamine dans la séquence finale, je ferais un MASSSSSACRE sur les pistes shanghaiennes... Haut en couleur et grande joie au coeur - c'est le proverbe du jour.

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