La Légende de Zatoichi (vol. 18): Le Défi (Zatôichi hatashi-jô) (1968) de Kimiyoshi Yasuda
Pas mauvais du tout, ce volume 18, avec quelques éclairs de violence qui font des ravages et un Zatoichi toujours aussi méfiant qui sait se faire comme toujours le Robin des Bois des pauvres nippons. Se moquer des aveugles, oui, c'est mal, mais c'est surtout ultra dangereux quand on a affaire à Shintarô Katsu, véritable fleuve (il est gros quand même) qui dort. Vif comme un chat, il règle son compte à deux chacals qui ont bêtement jeté de la terre sur sa boulette de riz. Zwing, zwang, ah tiens, deux chacals morts. Comme d'hab, il va se retrouver dans un petit village rongé par le mal : un administrateur, Matsugoro, au visage de petit porcelet, qui s'allie avec une bande de fugitifs qui fait elle-même régner la terreur sur son passage. Zatoichi ne va pas tarder à trouver refuge chez un vieux docteur qui ne compte pas sa peine ni son argent pour soigner les plus démunis et va remettre un peu d'ordre dans le bazar : il aide un vieux à récupérer sa fille malade (elle se fait exploiter par Matsugoro dans une entreprise de tissage) en forçant méchamment la main à l'administrateur sans scrupule, et ne va point tarder à se retrouver avec tous les méchants gaziers sur le dos; grâce à son ouïe plus fine qu'une mouche, il déjoue plusieurs tentatives d'assassinat, mais ne pourra échapper à une méchante balle (belle séquence de nuit "aux flambeaux" sur le fleuve, lorsqu'on le traque). En sang - mais l'hémoglobine semble booster ses ardeurs -, il va faire un véritable massacre pour faire payer à chacun ses basses exactions...
Sévère mais juste. Zatoichi n'épargne personne si ce n'est une femme parmi la bande des fugitifs : il découpe tout juste les bretelles de son soutif (c'est une image) pour lui faire prendre conscience qu'il serait temps d'arrêter les boulettes. Peu d'effusion de sang en fait (à peine un bras coupé disons, peu de geysers rougeâtres), mais des combats ultra-violents d'une belle efficacité. Bon, oui, la séquence où Zatoichi s'extorque lui même la balle de son corps est tout de même relativement impressionnante. Shintarô Katsu déroule et incarne avec toujours la même finesse (j'aime son petit sourire narquois quand on lui cherche des noises, rongeant intérieurement son frein) ce Zatoichi, véritable bombe à retardement (ouais quand on dépasse les bornes, on se fait raser de près...). On pense qu'un poil de romance (joli repos du "guerrier" qui fait la cueillette dans ces paysages verdoyants) est dans l'air avec la fille du docteur (au niveau érotisme, il faut reconnaître qu'on est un peu frustré), seulement comme le frère de celle-ci fait partie de la bande de fugitifs, Zatoichi ne peut guère marquer de points en le découpant en rondelles... Justicier solitaire, toujours "l'oeil aux aguets" pour protéger les plus faibles, c'est un taff ingrat. Le masseur sachant masser repart vers d'autres horizons poursuivant sa quête infinie contre le Mal... Po grave, c'est toujours un plaisir de le croiser sur sa route.