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27 décembre 2009

Le Sergent Noir (Sergeant Rutledge) de John Ford - 1960

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Sergeant Rutledge est un des nombreux films très classiques du père Ford, un de ceux auxquels on serait bien en peine de reprocher quoi que ce soit, mais qui ne sont pas non plus d'une originalité détonnante. Pourtant, il y avait franchement de quoi faire, niveau mise en scène, dans cet habile procédé mis en place. On assiste au procès d'un sergent accusé de meurtre? Défilent à la barre les différents témoins du drame, avec chacun en charge de raconter son petit bout d'histoire afin de former la grande. Ce dipositif rythme agréablement le film, en alternant les scènes de procès et la reconstitution en flashs-back. Mais Ford ne pense jamais au potentiel formel de cette construction : toutes les parties de la trame sont racontées de la même manière, sans tenir compte de celui qui la raconte, avec même souvent de grosses erreurs de points de vue (on voit des séquences que le témoin n'a pas pu voir). Ford aurait pu réaliser son Rashomon ; il ne parvient qu'à une agréable façon de raconter, sans se rendre compte de ce à côté de quoi il passe.

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Du coup, ce sont presque plus les scènes de procès que celles "de western" qui marquent. Comme à son habitude, Ford dessine gentiment une ribambelle de personnages attachants en quelques secondes (le juge bourru, sa pintade d'épouse, les habituels gars du peuple bas du front...), et ces scènes obligées lui donnent l'occasion d'une belle variété de cadres qui renforce la noblesse des caractères. Il y a notamment une très jolie plongée qui saisit l'ensemble du tribunal au moment crucial, et qui fige pour ainsi dire l'instant de la révélation avec un très bel effet. Les bords de l'écran sont fort bien utilisés pour renvoyer face à face les antagonistes du procès, le juge au centre servant souvent de frontière entre les différentes opinions. Les scènes de reconstitution sont très belles aussi, mais de facture plus classique, déjà vues dans les westerns du gars. Constance Towers et son visage de canari écopent de quelques gros plans magnifiques, et le coprs de Woody Strode est déifié par des à-plats de couleurs vraiment impressionnants. Sinon, c'est le lot des fusillades sur fond de canyons, d'Indiens qui toment en hurlant et de paysages désertiques. Il y a de bien beaux passages au tout début, dans une poste abandonnée encerclée par les sauvages, où le décor 100% studio est vraiment bien senti.

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A noter surtout qu'au niveau du fond, Ford est cette fois-ci irréprochable : le film traite frontalement du regard des Américains blancs sur les Noirs, leurs préjugés, leurs ouvertures, etc. En plus de rappeler le rôle primordial des anciens esclaves dans l'armée américaine, il enregistre la part de douleurs qui reste de la période de l'esclavage, en montrant une communauté noire soudée mais complètement en demande d'intégration, et en l'associant aux Blancs contre l'autre peuple honni : les Indiens. Il y a encore quelques traces faulkneriennes dans cette histoire de Noir jugé par les Blancs, et filmée avec une dignité qui fait honneur au vieux John. Bref, du bon, du pro, parfait.

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