Je l'aimais (2009) de Zabou Breitman
Qu'attendre de l'adaptation d'un roman de Gavalda, l'écrivaine la plus audacieuse avec Marc Levy, par Zabou Breitman, la cinéaste la plus plan-plan avec Diane Kurys? Rien? Bingo, c'est exactement cela, ou comment donner à certain téléfilm français des allures de superproductions ultra novatrices. On est dans du cinéma tellement pantouflard que Marcel Carné, en comparaison, ferait figure d'un punk. Une situation de départ risible: un beau-père, au coin de la cheminée, dans un petit chalet tout perdu là-haut sur la colline (on croise seulement Willem Dafoe qui ramasse des glands) raconte sa vie à sa belle-fille, alors que son propre fils vient de la lourder avec ses deux chieurs, lol. Après les vingt premières minutes les plus pathétiques du siècle, on entre enfin dans le vif du sujet avec notre papa Auteuil qui se lance, enfin (on allait péter la télé), dans l'histoire de son amour de jeunesse avec la lumineuse Marie-Josée Croze. On sent que les deux acteurs - qui ne déméritent point - s'accrochent aux branches de ce scénario mince comme du papier bible pour tenter de donner un semblant de densité à leur relation. Rah, c'est po facile de faire de la mayonnaise sans oeufs ni huile et nos deux acteurs de se battre terriblement dans le vide, comme deux fouets tenus par un manchot... On a beau avoir notre petit lot d'exotisme (Hong-Kong, putain, genre la ville de rêve, tu parles...) avec cette ville filmée sous tous les angles (Breitman réutilise 3-4 fois exactement les mêmes plans pour nous faire croire que c'est une nouvelle visite à chaque fois - on n'est po dupe, vieux!), on se demande comment il est encore possible en 2009 de produire des films moins innovants qu'en 1909. C'est du négationnisme de toute l'histoire du cinéma à soi tout seul, un tel truc... Quelle galère, décidément, de tomber sur une production française qui tente un tant soit peu d'être originale, même trente secondes... Zabout de souffle, po mieux.