LIVRE : Terroriste (Terrorist) de John Updike - 2008
John Updike tente de nous faire le récit, de l'intérieur, d'un "apprenti terroriste". A grand renfort de citations extraites du Coran (il a bossé son sujet, John), l'écrivain nous montre comment son jeune homme se laisse séduire par ces belles paroles par l'intermédiaire de son mentor, le cheikh yéménite de la Mosquée. Ahmad, né d'une mère irlandaise et d'un père Egyptien qui s'est fait la malle avant sa naissance, fait de l'Islam un substitut dans lequel il se love en l'absence de toute autorité. Facilement manipulable et diablement naïf, c'est du pain béni (si je puis dire) pour le cheikh qui va l'instrumentaliser pour commettre un attentat. L'autre personnage principal de cette ultime oeuvre de l'écrivain américain est un vieux juif ("Quand on a été persécuté et humilié pendant deux cents ans, être loyal envers ceux qu'on aime n'est qu'une bonne tactique de survie" - un brin de causticité updikienne, toujours) attaché malgré lui à sa grosse dondon de femme. Même s'il vit une réelle amourette avec l'Irlandaise dont il a fait la connaissance via son taff (il est conseiller d'orientation (de conscience?... wait and see)), il garde la tête sur les épaules et tentera jusqu'au bout de s'intéresser au devenir de ce trop tendre Ahmad, promis à un brillant avenir scolaire mais facilement récupéré par ces islamistes radicaux. Updike semble se complaire à faire de ce pauvre Ahmad un gentillet petit agneau facile à sacrifier (On frôle la grosse caricature : dès le départ, on se doute un peu trop que le gamin est ultra malléable et sera incapable de se rebeller face à ses pairs - il a autant de caractère qu'une bouée gonflable) mais dresse aussi, parallèlement, un portrait de l'Amérique guère complaisant - un monde où le sexe, la violence et la thune ont tout perverti, et où il est bien difficile pour Ahmad de se reconnaître en une quelconque valeur. Derrière cette description de cet individu finalement pas vraiment passionnant, il y a un portrait en creux d'une Amérique incapable de s'intéresser à ou d'intéresser ces individus "en marge" qui sont nés dans une Amérique qui se voile la face sur ses enfants (l'action pourrait tout aussi bien se passer en France, quand on y réfléchit)... Un risque que cela lui saute un jour à la gueule, à l'image de la pression qui monte au fil des pages de cette oeuvre : explosera ou n'explosera point le gros camion ? Un Updike qui n'a rien de transcendant mais qui montre malgré tout un écrivain toujours soucieux de l'évolution guère reluisante de son pays.