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27 octobre 2009

LIVRE : Prisonniers du Paradis (Paratiisisaaren vangit) d'Arto Paasilinna - 1974 (1996 pour la traduction)

9782070404728FSPaasilinna avait écrit la première mouture de Lost trente ans avant la naissance de la série télé. C'est une accroche pas plus stupide qu'une autre et qui se tient : un avion pris dans une tempête se crashe dans l'océan; à son bord, entre autre, un journaliste-narrateur finlandais, une vingtaine d'infirmières suédoises et une dizaine de bûcherons finlandais recrutés par les Nations Unies pour une mission en Inde. Notre journaliste s'en sort indemne, erre plusieurs jours sur la plage en lisière de cette forêt tropicale; il croise, forcément, un serpent, puis une jeune femme légèrement vêtue, puis (... ah!) le reste de la troupe sain et sauf, à deux exceptions près. Sans secours à l'horizon, sans vivres à portée de la main, sans que dalle, l'aventure a toutes les allures, de prime abord, d'un cauchemar, d'autant que la solidarité des premiers instants part vite en vrille... Mais Paasilinna a foi en l'homme, et notre petit groupe ne tardera pas à devenir un superbe modèle de communauté socialiste ("Un signe que le socialisme s'est véritablement réalisé ici est que nous n'avons pas besoin de police"): il est clair qu'une fois que les femmes sont équipées d'un stérilet, qu'on parvient à s'organiser pour pêcher et chasser et surtout à produire de l'alcool, qu'on se bâtit une petite cabane pour se protéger des animaux sauvages et qu'on trouve une occupation à chacun, il n' y a plus aucun blème. A tel point que certains finissent par redouter un éventuel retour : "Il déclara qu'il ne comprenait pas pourquoi nous tenions tant que ça à retourner dans un monde déchiré par les guerres, pour payer des impôts, acheter des produits coûteux et superflus, avoir un cancer du poumon ou quelque autre maladie, écouter les jérémiades continuelles de nos épouses au sujet de leurs jambes enflées et de la laverie toujours bondée." Paasilinna ne tombe cependant jamais dans la niaiserie du genre "tout le monde il est beau il est gentil quand il n'est point perverti par la société", personne n'étant à l'abri de péter un plomb (la déconnade avec l'obusier et j'en passe). En plus, il sait toujours narrer de façon drolatique les aventures les plus abracadabrantes (comment attraper un singe...) ou décocher de petites phrases hilarantes : "Les arbres, que je crus identifier comme des palétuviers, étaient si durs que notre petite hache ne parvenait pas à les entailler : quand nous leur donnions un coup, cela leur faisait autant d'effet que si nous leur avions raconté une blague. / La vue de la tortue morte me causait une certaine tristesse. J'avais l'impression d'avoir tué mon beau-père.") Bref, comme chaque recueil de Paasilinna, un bon vieux mixte de délire et d'humour du cru mâtiné d'une réelle foi en l'humanité - toujours bon à prendre et à savourer.

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