Visez cette Voiture de Police (Jûsangô taihi-sen ori: Sono gôshô o nerae) (1960) de Seijun Suzuki
Je vois bien que le titre fait plus penser à un film de Max Pecas qu'à un polar des années soixante de Seijun Suzuki. Bon, c'est dommage, car il y a de bonnes choses - quelques séquences bien troussées, un héros attachant, des petites pépés qui pullulent - même si je dois admettre malgré tout une intrigue compliquée à outrance (on perd le fil en route et on attend que tout le monde se fasse flinguer à la fin pour y voir plus clair) et ne pas être, en général, vraiment gaga du Seijun. Michitaro Mizushima campe un flic, Tamon, bien dans ses baskets qui tente de comprendre, pour le fun, les raisons de sa mise à pied pour six mois : alors qu'il était en charge de plusieurs prisonniers, son fourgon a été attaqué et deux des petites frappes transportées ont été flinguées sur le coup (il avait détaché les cordons de l'un d'eux (ce qui peut se comprendre dans l'urgence, enfin...) qui a pris la fuite et a été automatiquement abattu). Il suit de multiples pistes via les petites amies des deux gaziers assassinés ainsi que de l'un des survivants de l'attaque libéré le lendemain... Il remonte jusqu'à une trouble organisation qui a ses quartiers en bord de mer et qui deale essentiellement avec de jeunes gonzesses (strip-teaseuses, prostituées... ça sent le trafic à plein nez); notre gars se trouve une alliée de choix puisque la jeune dirigeante de l'entreprise, qui assure cette fonction en l'absence de son vieux papa à l'hôpital, a immédiatement un petit faible pour lui... Même si notre ami Tamon est assez chanceux et a le chic pour, semble-t-il, toujours arriver à la seconde près où il se passe quelque chose (une strip-teaseuse qui reçoit une flèche dans un sein (pas courant), un combat entre deux malfrats au plein milieu de l'autoroute avec l'un d'eux qui disparaît dans le ravin), ces diverses "coïncidences" ne l'aident pas vraiment à y voir plus clair - et nous, pareil. A chaque fois qu'il fourre le nez dans le repère des bandits, il s'en sort d'ailleurs miraculeusement, et on se dit que le type a non seulement du bol, mais surtout du courage de continuer son enquête alors que cela devient de plus en plus brumeux... Qui est le grand manipulateur derrière tout ça, hein, nom de Dieu ?; comme la réponse est finalement claire, on se dit qu'on a pas dû louper grand-chose dans les petites finesses de la trame...
Quelques séquences d'action qui marquent des points - l'attaque du fourgon en ouverture, le montage couillu entre le train et la voiture qui le suit au milieu du film, l'échauffourée finale dans la gare de triage, de nuit, avec l'immense fumée blanche de loco qui donne toujours une belle ambiance -, d'autres qui sont un peu plus tirées par les cheveux : ainsi celle où Tamon et la chtite de l'organisation sont pris par les bandits; ils pourraient certes les flinguer là, maintenant, tout de suite, sous le regard de la caméra, mais non, ils préfèrent monter un truc plus visuel : ils mettent nos deux gaillard dans un camion citerne bourré d'essence, ouvrent la trappe arrière pour que l'essence se déverse et font dévaler le camion sur une pente douce de douze kilomètres : ils mettent le feu à l'essence au bout de 5 minutes, pendant que nos deux héros attachés à leur siège se demandent où est Jack Bauer - heureusement le feu se propage à 3 kilomètres heure et ils ont le temps de taper tranquillement la discute pendant qu'ils se libèrent - ouf, c'est vrai que ce plan s'imposait... pour la caméra. Tamon est le cas typique du flic sage et respectueux qui se refuse d'appeler les criminels ou les putes des "marchandises" (c'est bien) et qui cherche toujours à "éveiller ce qu'il y a bon chez chacun"; un type droit, quoi; la chtite de l'organisation, elle trouve cela super fort en tout cas. Bref, même si on se perd en route pour savoir vraiment qui est responsable de quoi, le film demeure relativement bien mené par un Suzuki qui tournait tout de même à l'époque quatre-cinq films par an... Ca dépote.