Avanim (2004) de Raphaël Nadjari
Film pratiquement dédié par le cinéaste à son actrice, tant Asi Levy habite chaque plan : une héroïne, pleine de dignité et habitée par une volonté de fer, part à la recherche d'une liberté loin d'être gagnée d'avance dans un monde d'hommes... Mariée, un enfant, travaillant avec son père, on se rend rapidement compte que la seule chose qui illumine vraiment sa vie actuelle est à trouver dans la scène d'ouverture : une chambre d'hôtel et un amant qu'elle voit en catimini. Bien qu'apparemment distante quand elle le quitte - comme pour garder la tête froide - elle avoue plus tard à son fils, point encore en âge de comprendre, qu'"elle est amoureuse". Au niveau du taff, c'est pas vraiment l'éclate puisqu'elle accuse son père, un comptable qui gère des dossiers administratifs, de mentir auprès des autorités pour obtenir plus de subventions auprès du gouvernement israélien; même s'il s'agit d'aider à la création d'écoles talmudiques, le jeu n'en vaut pas la chandelle (à sept branches); son père est, qui plus est, d'après elle, abusé par un homme très rigoriste avec lequel elle s'entend comme chien et chat (celui-ci reproche à notre femme de ne pas respecter les traditions en ne se couvrant point la tête, cette dernière cherchant à lui faire comprendre que l'habit ne fait pas toujours le rabbin). Le drame de sa vie : le jour où elle apprend la mort de son amant lors d'un attentat; comme elle est incapable de garder la face, sa vie quotidienne va alors littéralement imploser - comme s'il était temps de faire tomber les masques... Dans le fond, on ne peut guère reprocher quoi que ce soit au cinéaste : l'héroïne est une vraie mère courage dont on ne cherche pas forcément à éclaircir les zones d'ombre (qu'est-ce que son amant a de plus que son mari, hein?...) comme si l'essentiel (son combat pour son indépendance) était ailleurs; dans la forme on peut rapidement se lasser de cette caméra qui bouge dans tous les sens, morcelant les gros plans... Certes, cette société moderne israélienne est plus opaque, plus énigmatique qu'elle ne voudrait le paraître, mais cette caméra qui passe son temps à partir en vrille est tout de même un peu pénible - on a compris le projet du réalisateur, il peut se permettre de poser sa caméra de temps en temps. Il voudrait donner ainsi une sorte d'urgence permanente à son sujet mais on n'est pas non plus dans The Bourne Identity au niveau de l'action, voyez... C'est un peu dommage car son actrice, elle, parvient à capter entièrement l'attention sans avoir besoin de ces effets "spéciaux".