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9 septembre 2009

Filles, Epouses et une Mère (Musume tsuma haha) (1960) de Mikio Naruse

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Difficile en effet de faire la fine bouche avec ce magnifique Mikio Naruse, en 2.35:1 s'il vous plaît (le cinéaste trouve automatiquement toutes les bonnes distances comme s'il était né avec ce format) et aux merveilleuses couleurs pastel, qui jouit en effet d'une distribution magistrale : Setsuko Hara en éternelle jeune femme au grand sourire triste, qui a, encore une fois, tout pour elle (le charme, l'argent, la liberté...) et qui finit avec pas grand chose (le sens du sacrifice ne paie plus...), Haruko Sugimura en vieille grand-mère infernale, Hideko Takamine en femme au foyer malheureusement terriblement effacée, ou encore l'homme au regard d'acier, le grand Tatsuya Nakadai en amoureux de Setsuko bêtement éconduit. Il est bien sûr question d'une histoire de famille plutôt complexe, chacun des frères et soeurs de la casa devant chacun faire face à des petits - ou de grands - problèmes personnels au quotidien. En haut de la pyramide, la grand-mère déjà bien âgée, qui va se rendre compte qu'en cas de problème, on se presse pas au portillon pour s'occuper d'elle. L'argent est au centre de toutes les discussions et semble bien être devenu en ce début des années 60 LA seule valeur valable de cette société où la consommation prend le pas sur les relations humaines. Le parler franc pour défendre ses propres intérêts a en effet tôt fait de remplacer le minimum de respect dû à ses aînés. C'est ainsi, bahbahbah...

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Ca commence très fort pour Setsuko qui s'est barrée de chez elle car son mari lui tape un peu sur les nerfs. Pas de bol, le type meurt le jour même dans un accident. Sa petite soeur ne se gênera point pour faire un bon mot : il vaut mieux avoir 1 million de yen (la thune de l'assurance) qu'un mari barbant. Setsuko est si choquée qu'elle en aurait presque du mal à rougir. Elle revient habiter chez ses parents, vivant modestement dans l'ancienne chambre de bonne en échange d'une contribution financière élevée... Setsuko ne calcule pas et se donne le temps de voir venir. Elle a décidé de ne pas se remarier mais ne tarde à faire la rencontre du séduisant Tatsuya Nakadai : ceci nous vaudra des séquences mémorables dans une boîte de nuit (les deux plus gênés que des ados, excellent) puis à la campagne (grands sourires romantiques de nos deux timides) et dans les rues (nos deux tourtereaux devant la statue du penseur du Rodin : Setsuko osera ou n'osera pas avouer son penchant...) et enfin dans un appart (Setsuko qui charme cet homme un aspirateur à la main, magique et divin); autant de saynètes fabuleuses qui marquent les esprits, les deux n'ayant de cesse de se tourner autour comme aimantés physiquement mais bridés moralement (sans même parler de la scène inoubliable à la campagne, filmée par son frère et montrée à toute la famille rassemblée, où Setsuko et Tatsuya disparaissent littéralement derrière un arbre : Setsuko livide en la découvrant ("c'est un trucage?"), l'assemblée morte de rire "Quel suspense!!!!"... pas sympa de se moquer de la chtite...)).

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Une de ses amies lui présente également un vieux prêt à tout pour elle mais Setsuko le regarde à peine. Elle pense avoir de quoi voir venir avec son million sauf que son frère aîné, le ponte de la baraque, lui en emprunte la moitié pour investir dans les affaires douteuses de son beauf, et sa soeur lui en demande un cinquième pour prendre un appart, ne supportant plus sa belle-mère (la fameuse Haruko, un dragon!). Tout se corse lorsque le beauf fait banqueroute et que le frère aîné avoue avoir déjà hypothéqué la maison... Tous les frères et soeurs se regardent en chien de faïence (et ma thune?!) sans parler de la grand-mère dont personne ne veut - à part Setsuko, toujours grand seigneur...

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Il est vrai que la volonté de suivre chacun des personnages donne parfois l'impression que l'intrigue se perd un peu en chemin, mais dans la dernière ligne droite, cela finit par prendre une immense force : on connaît exactement chacun des caractères des personnages, leur petitesse et leurs intérêts, et la discussion autour d'une table pour régler les problèmes d'héritage devient fumante. Sans parler de la figure de la grand-mère - outrée - qui vieillit à vue d'oeil devant les réflexions de sa progéniture. On pense que le sens du sacrifice de Setsuko mettra tout le monde d'accord, mais la grand-mère a plus d'un tour dans son sac, comme si elle avait décidé la mort dans l'âme de passer la main à la prochaine génération sans demander son reste... La figure de Setsuko est finalement presque la plus tragique : régénérée par l'amour d'un homme (comme le personnage principal de Nuages d'Eté), son sourire irradie et sa générosité profite à son entourage ("Je ne sais pas refuser quand on me demande quelque chose"); elle décide au final d'abandonner tous ses rêves pour le soi-disant bien des autres... un sacrifice en pure perte et une fin bien tristoune... Heureusement, Naruse nous a gratifié au passage de quelques moments de bonheurs volés comme cette virée à la campagne filmée volontairement comme une comédie musicale hollywoodienne (sans parler du montage croustillant effectué par l'un des frères ensuite et déjà évoqué): Setsuko goûte quelques secondes de douce sérénité avant que son destin décidément tortin la rattrape... Incontournable - merci à Xavier pour le conseil, je n'ai définitivement point fini d'en débattre avec notre gars Naruse.

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