Homicide (1991) de David Mamet

Il est finalement bien dommage que Mamet éprouve le besoin de "scénariser" à l'excès la manipulation de cet inspecteur, Boby Gold (Joe Mantegna, tout à fait convaincant - ici...), par une organisation juive de l'ombre; pourquoi, en plus, vouloir absolument "achever son spectateur" avec un dernier petit twist, dont il a le secret (...), terriblement tiré par les cheveux ? Dommage parce que toute la première partie, dans cet univers policier un peu cradingue à la Wire (forcément, il s'agit également de la ville de Baltimore, qui ressemble guère à Disneyworld...), est d'une formidable virtuosité, aussi bien au niveau des dialogues qui fusent, de la mise en scène somptueuse - on change d'angle toutes les cinq secondes tout en gardant une parfaite fluidité dans le ballet incessant des personnages qui pullulent dans ce petit commissariat - qu'au niveau des acteurs, Joe et le toujours nickel William H. Macy en tête. Leur discussion dans la bagnole alors qu'ils filent vers un coup fumant est un vrai régal au niveau du tac au tac et dans la complicité entre les deux hommes. Bref, on s'installe dans son fauteuil et on se dit qu'on ne gardait pas un aussi bon souvenir du Mamet, qui est finalement loin d'être totalement en conserve. On plonge ensuite sur les traces d'un Joe totalement insomniaque qui traîne son désespoir dans la nuit de Baltimore où il va faire la rencontre d'un groupuscule juif pas très catholique (humour). En perte totale de repère, à la recherche de lui-même, Joe se retrouve un peu pris malgré lui dans ce monde inconnu qu'il découvre - s'il avait subi à son taff certaine brimade du fait d'être juif (toujours apparemment quelque chose en plus à prouver...), il n'avait jamais vraiment cherché à se rapprocher plus que cela de cette communauté... Il y est cette fois-ci plongé jusqu'au coup et aura du mal à en émerger indemne... Malheureusement, on aurait pu tout à fait se contenter du portrait de cet homme qui cherche toujours à être top et finit un peu par s'emmêler les pinceaux dans ce monde infernal... Mamet, à trop vouloir faire mousser son scénar, finit par donner un côté artificiel à la chose, ce qui est définitivement un peu bêta tant la première partie du film faisait preuve d'une véritable maestria, visuellement parlant. Un peu gourmand - veut les fruits et le sirop - le cinéaste, mais tout de même quelques très bons moments atmosphériques...