The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl (Do-re-mi-fa-musume no chi wa sawagu) de Kiyoshi Kurosawa - 1985
De bien jolies choses décidément dans les premiers films totalement foutraques de Kiyoshi Kurosawa : après le cul "Nouvelle Vague" de Kandagawa Wars, le gars poursuit sur le chemin de l'improbable avec The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl, qui rien que pour le titre mérite le respect. C'est l'histoire d'une jeune fille qui erre sur un campus à la recherche de son amour perdu ; en chemin, elle croise un groupe d'étudiants partouzards mené par un prof de psycho déviant : il fait un cours sur les limites de la honte et de la pudeur, et tente d'expérimenter sur la donzelle des gadgets robotisés pour vérifier sa thèse. Je dis ça, j'ai vu une copie de copie de copie de VHS pourrie avec sous tires en blanc sur blanc, je ne garantis donc pas ma lecture. D'autant que la trame principale est émaillée d'autres épisodes complètement barjes, genre fusillades dans la campagne, discussions absconses et scènes de cul échevelées.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'univers mental de Kiyoshi peut inspirer une certaine inquiétude. Les inspirations de cet objet sont innombrables, depuis les délires expérimentaux à l'érotisme chic, en passant par le happening politique façon Godard ou le collage pop. Chaque scène est un nouveau dispositif, qui pratique le mauvais goût et la rupture en escrimeur. On ne sait pas trop si on assiste à un gag libéré de toute contrainte (narrative, stylistique, technique) ou à un nanar fumeux. mais le fait est que souvent, la mise en scène totalement underground de Kurosawa force le respect par son originalité et son audace. Les plus beaux plans sont ces portraits de jeunes filles (encore une fois très godardiens période Karina), longs, fixes, étranges par leur immobilité, magni
fiquement posés sur un fond de décor champêtre ou sur un mur blanc. Kurosawa les place sans arrêt pour surprendre, au milieu d'une scène, en hiatus par rapport au ton drôlatique de l'ensemble. Car le film est drôle, par cette façon d'aller au bout du bout de chaque idée, même naze. Excellent moment, que je n'ai réussi à raccrocher à rien dans la trame, que cette chanson répétée par trois étudiants et qui se termine par des grands coups de savate dans la tronche ; idem pour cette séquence de science-fiction totalement allumée où le professeur essaye ses sex-toys électroniques sur la jeune fille : on dirait Frankenstein filmé par Ed Wood, avec un zest d'Argento et un soupçon de Star Trek.
Alors je vous vois venir, vous allez me demander ce que ça peut bien vouloir dire, tout ça... Vous êtes durs.
A mon avis, on peut y voir une allégorie sur la quête de la jouissance sexuelle, ou bien un roman d'apprentissage qui conduirait de la naïveté de la jeune fille de province à la femme émancipée (grâce à l'amour et au combat politique). Maintenant, si vous m'affirmez que ça parle de la révolution malgache ou de la cuisson du poulet basquaise, je suis prêt à abonder dans votre sens pareil. En tout cas, vous ne risquez pas de tomber un jour sur un équivalent de The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl, film à prendre comme une expérience de vie.