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3 mai 2009

Annie Hall de Woody Allen - 1977

annie8Annie Hall fait partie de la poignée de films de Woody où on est tout à fait prêt à utiliser le mot de chef-d'oeuvre, pourtant traité avec mépris par le gusse lui-même. Franchement, où trouver un tel charme parmi les comédies américaines, toutes époques confondues ? Woody est en plein dans la tradition du genre, celle des Cukor et des Capra, mais il ancre profondément son film dans le monde actuel et confère à son couple une aura légendaire : Annie-Alvy, c'est THE couple des années 70, comme le furent Hepburn/Tracy à leur époque.

Le film est glamour comme c'est pas permis, romantique et hilarant (j'étais très honnêtement plié en deux pendant 1h30, il y a une vanne excellente toutes les 10 secondes), mélancolique et profondément touchant. On dirait que Woody a trouvé la "note bleue", ce charme indicible qui fait la marque des grands films. D'abord parce que son duo avec Keaton fonctionne AnnieHoofdmagiquement. C'est certes lui qui s'octroie toutes les vannes (au point que quand son partenaire Tony Roberts en lâche une, c'est un évènement), mais Keaton ne lui laisse absolument pas accaparer la vedette : même si elle n'a aucune "one-line joke", elle utilise sa dégaine et sa frimousse avec un humour constant, elle est éclatante de drôlerie. La scène où elle s'enfonce dans sa maladresse toute troublée par le Woody est un sommet dans l'art allenien, en ce qu'elle montre un Woody fasciné qui s'efface devant plus fort que lui : une actrice immensément photogénique, qui lui oppose fermement un jeu hilarant par la seule puissance de sa diction et de ses postures au taquet.

C'est aussi un film marquant en ce qu'il fait enfin entrer Woody dans la cour des grands metteurs en scène : il y avait quelques promesses dans Love and Death ou dans Sleeper, mais là, c'est une métamorphose. Le film déborde d'idées audacieuses tra0646544775575288itées avec une belle simplicité : les discours face caméra inscrits au sein même d'une scène, le split-screen pour montrer en parallèle un couple qui ne se comprend plus, des sous-titres qui montrent le sous-texte d'un dialogue en train de se jouer, des flashs-backs insérés dans le présent (idée bergmanienne que Woody utilisera souvent), c'est un festival de trouvailles. Ma préférée reste cette séquence dans l'école, où Alvy demande à ses camarades de classe ce qu'ils sont devenus : ce sont les enfants eux-mêmes qui répondent, j'ai failli m'étrangler avec mes Monster Munch (la fillette boutonneuse à lunettes qui dit "je suis devenue très cuir"). Le film est d'une magnifique légèreté ; même dans les scènes plus classiquement montées, il y a un dynamisme et une joie qui font merveille, qui mènent le tout dans une parfaite cohésion, en ligne droite malgré les sinuosités de la construction.

annie_hall12Et puis surtout il y a ce mystère allenien, qui fait que brusquement, au détour d'un gros gag ou d'une réplique imparable, l'émotion surgit, une mélancolie qui serre la gorge. Mine de rien, Annie Hall est une très belle autopsie d'un couple et de ce que la vie fait pour séparer les gens qui s'aiment. Les dernières scènes, plus sérieuses et tristes, vous rongent le coeur : elles sont universelles, chacun reconnaîtra cette douceur nostalgique, cette tristesse profonde qui est le lot de quiconque a aimé. C'est fait avec la politesse des rois, sans bruit, dans une intelligence constante. Une merveille.

Tout sur Woody sans oser le demander : clique

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