Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
23 mars 2023

Elle a passé tant d'heures sous les sunlights de Philippe Garrel - 1985

vlcsnap_21084 vlcsnap_21240 vlcsnap_21449

Encore une fois, tous mes respects à notre ami Patience, qui décidément est souvent de très bon conseil : Elle a passé tant d'heures sous les sunlights est assurément un des sommets de l'oeuvre garrelienne, un de ces films qui arrivent à concilier l'intimité la plus profonde avec l'universalité des sentiments. Garrel réalise son La Maman et la Putain à lui, en parvenant tout comme son idôle Eustache à toucher du doigt le journal intime filmé sans jamais tomber dans le nombrilisme.

vlcsnap_43580

Ca ne tient pas à grand chose pourtant, et le film n'est guère différent des soûlants L'Enfant Secret, La Naissance de l'Amour ou Les Baisers de Secours : même façon de mettre en avant sa propre biographie intime, mêmes personnages mélancoliques, mêmes questionnements un peu vains sur les femmes. Pourtant ici, c'est une merveille. C'est surtout que le projet est beaucoup plus vaste que la simple plainte complaisante entre quatre murs : pour réaliser son film sur la rupture, Garrel convoque tous ses potes (réels ou "de fiction") pour un baroud en l'honneur de sa tristesse : Godard est là, cité non seulement nomément mais aussi par la présence de Wiazemski et de Bonnaffé ; Akerman et Doillon viennent faire un tour devant la caméra ; Renoir apparaît en filigranne ; et surtout, grande absente qui irradie proprement la film, il y a Nico, celle qui déclenche cette mélancolie terrible, qui passe comme un fantôme dans chaque séquence. C'est la sublime Mireille Perrier qui est en charge d'incarner la donzelle, et le moins qu'on puisse dire c'est que Garrel a trouvé l'actrice photogénique par excellence, tout à fait digne de représenter l'icône de la Factory : Perrier devient vite une sorte de pure image, Garrel lui faisant incarner petit à petit un rôle qui dépasse complètement la légende de Nico. Splendides plans qui se contentent de contempler l'actrice (autrement plus éclatante que la Jean Seberg des Hautes Solitudes), et qui mènent tout droit à un hommage à Chaplin quand Perrier mâchouille une fleur en gros plan ; représentations sur-romantiques du couple Bonnaffé/Perrier, qui apparaissent immédiatement comme un de ces plans godardiens immortels...

vlcsnap_43774

Garrel fait le point, sur sa vie, sur ses films, sur son style, sur son avenir même. Une femme est partie, un fils est arrivé, et il est temps de faire une pause. Il la fait de façon incandescente, urgente, à sa manière d'écorché vif habituelle, mais avec cette fois une grande maîtrise formelle qui tranche avec ses expérimentations potaches passées. L'idée de mélanger la fiction et la réalité, en troublant les frontières entre le tournage du film et le film lui-même, est formidable : elle dresse un écheveau de sens, amène de la distance par rapport au sujet, et pourtant nous fait pénétrer beaucoup plus profondément dans l'univers intime du cinéaste. Qu'il s'interroge sur ce qu'il a le droit de filmer de son fils (avec Doillon, interlocuteur idéal pour ce genre de questionnement), qu'il prenne la place de son alter-ego fictif (Bonnaffé), qu'il fasse brusquement entrer le clap ou les indications scéniques au sein des scènes les plus fragiles, il est toujours à la place la plus juste pour nous parler des angoisses d'un artiste et de celles d'un homme abandonné par une femme. La séquence où on assiste directement à la rupture sur fond de chanson de Nico est bouleversante de ce point de vue-là : mélange de pur dispositif formel (montage très cérébral) et de coup de poing direct au plexus, c'est l'archétype de ce que sait faire Garrel quand il veut nous émouvoir : la scène est poignante, immédiate, tout en conservant cet aspect très tenu qui fait la qualité du film.

vlcsnap_18317

Mises à part quelques scènes un peu redondantes, et quelques poses arty pas forcément convaincantes, Elle a passé tant d'heures sous les sunlights est un pur trésor, romantique, personnel et bouleversant. Camarade Shang, je t'en supplie les deux genoux à terre : regarde cette merveille ; si tu n'aimes pas, je m'engage à dire du bien de Jules et Jim. C'était mon conseil du jour.  (Gols 28/03/09)


vlcsnap-2023-03-21-15h38m03s727

Je n'aime pas déplaire à l'ami Gols (même avec 14 ans de retard) surtout quand il ne souhaiterait rien d'autre que j'aime un film qu'il aime. C'est donc (oui, oui avec beaucoup de retard, je l'ai dit) plein d'allant que je me lançai enfin dans la vision de cette oeuvre phare de Garrel : rien que de retrouver Mireille Perrier (égérie de Carax, de Garrel puis de Rochant... avant que sa carrière cinématographique, fatalement, fasse psssschit - ben oui, elle s'est même retrouvée dans un Lelouch par la suite), j'en avais un petit filet de bave aux lèvres. J'ai trop vite déchanté aïe aïe aïe... La prise de tête droguée avec Nico-Wiazemski, triste à mourir, l'embellie soudaine avec Perrier, la femme de l'enfant, moins triste en soi mais guère plus emballante (filmer pendant dix minutes, sans dialogue, le visage d'une femme, c'est bien gentil - mais vite lassant) et puis vient le concept de base : la porosité réalité/tournage de film avec Garrel qui rentre dans le champ, le clap aussi, et puis en avant Guingamp, des images sans son, des dialogues sans personnages, des bouts de pellicules qui tournent jusqu'à la fin, de la tristesse, des petits bouts de doc (sur Akerman et Doillon, images reprises telles quelles dans le doc qui sortira trois ans plus tard, Les Ministères de l'Art), et des amours qui déraillent, et un réalisateur qui doute, qui se questionne...  mais bon, tout cela, comme la vie, hein, c'est des hauts et des bas, des moments de grâce et de déprime... Eh ben, tiens, du coup, dans ce film, on va tout mettre : ce qui se tient un peu comme ce qui est raté, on va garder surtout toutes les chutes, hein, cela donnera sans doute une image plus complète de l'existence... Et le concept de ressembler de plus en plus à un bric à brac de bouts de ficelle où chacun finira bien par piocher ce qui l'intéresse - ou pas... La fiction ne me passionnait pas (tu aimes une femme qui rompt puis une femme qui pond : c'est court), le concept "porosité" cinoche/life m'a usé et l'ensemble m'a paru pauvrement arty et mou... Oui Garrel salue ses pairs, mais il n'est pas au niveau ; il n'arrive pas à la cheville de Godard sur l'originalité de la forme, à celle de Chaplin sur la truculence, à celle d'Akerman sur la déconstruction extrème, à celle de Doillon sur l'émotion... Faute de savoir écrire des dialogues, il filme tout ce qui lui tombe sous la main et ce bout-à-bout finit par être aussi vain et creux que ce cinéma contemplatif et saoulant qu'il a tenté parfois de nous servir. Non, je ne marche pas avec ce Philippe-là... M'a cramé, le gars. (Shang 23/03/23)

vlcsnap-2023-03-21-15h38m39s632

Garrel soûle ou envoûte ici

Commentaires
C
Garrel, garrel, attendez voir…c’est pas une marque de saucisse, ça ?
Répondre
M
T'y a mis le temps, mon gars Shang, pour faire plaisir à ton poto préféré...<br /> <br /> <br /> <br /> Hé, sérieux, tu craignais un peu, pas vrai ? T'y es allé à recul-baskets, au fond ? <br /> <br /> Faut dire que face à Zaï Zaï Gols + Philou Gare-à-vous, une seule issue cinématographique possible, comme dirait l'autre : <br /> <br /> Sauve qui peut (Là, vite! ) <br /> <br /> <br /> <br /> A relire les commentaires, je me dis que ce blog est décidément celui où on se marre le mieux ! <br /> <br /> Désolé pour vous, mais vous m'y verrez encore souvent. <br /> <br /> <br /> <br /> You make my day, old folks, que dis-je, my WEEK ! !
Répondre
H
"Mais j'écrais pas pour ça, mais pour ton orthographe"... <br /> <br /> <br /> <br /> Saperlipopette, ah non mais, j' adOOOOOOOOre... !
Répondre
G
Je pourrais faire dans l'ironie, dans ma réponse, LeMo? Je pourrais. Voyez pourquoi ?
Répondre
L
tes sympa, mais t'es complètement branchouille. Ton style dans vingt ans et sans doute moins, fera rire ceux qui te liront, s'il y en a. Mais j'écrais pas pour ça, mais pour ton orthographe. NOMÉMENT que t'as écrit. T'as pas honte de te vautrer comme ça? T'as pas un correcteur sur ton PC? Nomént s'écrit NOMMÉment, merde, nullard! Par ailleurs, merci pour tes articles sur PHILIPPE. Tu y comprends pas grand'chose comme prévu, mais c'est bien d'essayer.
Répondre
Derniers commentaires
Cycles
Ecrivains