Le Gaucher (The Left Handed Gun) (1958) d'Arthur Penn
Premier film d'Arthur Penn qui nous sert quelques jolis plans mais qui péchouille un peu au niveau du rythme. Paul Newman semble l'homme de la situation pour incarner ce Billy the Kid, jeune gazier totalement paumé au départ qui semble trouver une raison de vivre en vengeant la mort de l'homme qui l'a pris - peu de temps - sous son aile; il passe de la timidité à la fougue rageuse, vive comme l'éclair, et il tient en bonne partie le film sur ses épaules.
William Bonney a tôt fait d'être sur la piste des quatre hommes qui ont tendu une embuscade à un vieil Anglais farmer qui n'avait pas hésité à consacrer quelques minutes à ce jeune illettré. Le plan où il trace sur une vitre son plan d'action pour en descendre deux est subtilement enchaîné avec la séquence où il passe à l'acte en plein milieu de cette grande rue. Il trouve refuge dans une petite baraque qui ne tarde pas à être prise d'assaut par les hommes de la ville - il a tout de même descendu le shérif - qui transforme la bicoque en brasier. Il s'en sort in extremis et trouve refuge chez un vieux poteau mexicain. Le Billy ne trouve rien de mieux à faire qu'à flirter avec la femme de ce dernier - petite séquence gentiment sensuelle dans une grange où elle s'abandonne à regret (tu peux po résister au regard du Paul); alors qu'il bénéficie d'une amnistie, il cherche d'abord des noises à un représentant de l'état - notre Paul le doigt sur la gâchette et le poing droit serré, on sent le gars à fleur de peau - puis se met en chasse des deux autres hommes avec ses acolytes - l'un deux s'appelant Moon, il s'exerce sur un reflet de la lune dans une mare, bon, ça passe. Ils vont rompre l'amnistie en descendant les deux hommes et Billy va surtout, dans la bagarre, perdre ses deux fidèles compagnons. Un beau gâchis en quelque sorte, sur tous les plans, pour ce Kid qui a le don de perdre ceux qu'il aime; il finira lui-même par mordre la poussière, abattu sans même une arme en main, par son propre pote Pat Garrett. Des cadavres qui tombent comme une pluie de grêle - bien aimé celui qui se meurt en se collant contre une vitre, le visage forcément grimaçant - et un destin brisé net par manque de sagesse et de self-control. Bien au-dessous encore d'un Bonnie and Clyde mais pas de quoi rougir pour ce coup d'essai. Voilou.