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15 mars 2009

LIVRE : Interventions 2 de Michel Houellebecq - 2009

9782081217577Interventions 2 ressemble quand même méchament à un "coup" de Flammarion, qui ne s'est pas donné beaucoup de peine : le livre rassemble des textes épars de Houellebecq, déjà publiés dans des revues ou, ce qui est plus discutable, dans d'autres livres (notamment Lanzarote), voire, au pire, dans un premier Interventions publié en 98. On ramasse tout ça, sans bien sûr se donner la peine de resituer chaque article dans son contexte, on ouvre le tiroir-caisse et tout va bien. Du coup, on a la pénible impression d'un livre purement commercial, l'impression de parcourir un produit dérivé plus que le fruit d'une véritable volonté. Plusieurs textes sont totalement incompréhensibles du fait de les voir aléatoirement placés au milieu d'autres (une préface à un livre sur Auguste Comte, un article sur Jean Cohen ou un billet d'humeur sur la pédophilie). Je doute que le cher Houellebecq ait vraiment eu son mot à dire sur cette publication, et c'est dommage.

Ceci dit, on retrouve avec plaisir le ton houellebecquien, toujours aussi amer et nihiliste, toujours aussi drôle et sanguinaire. Si je préfère indubitablement les romans du sieur, il faut reconnaître qu'il excelle aussi dans le pamphlet, et certains des textes de Interventions 2, les plus courts surtout, sont des skuds vraiment audacieux. De Jacques Prévert à Cabu, de Assouline à Robbe-Grillet, les tenants de la culture dominante sont piétinés allègrement par le style hyper-nerveux et ironique de Houellebecq, qui ne ménage pas son mépris. Les assasinant en deux-trois mots, il est souvent d'une pertinence et d'une lucidité totales, et sait régler leur compte à ses victimes avec une brutalité de Sioux, d'auant que l'humour et l'auto-critique sont toujours présents dans ses attaques frontales. Houellebecq parvient par ailleurs à ôter toute petitesse à ces attaques en les contrebalançant par des déclarations d'amour à d'autres artistes qui apparaissent très sensibles et touchantes : Lamartine, Dantec, Philippe Muray, Neil Young (avec même une petite phrase sur Djian : "c'était notre précurseur, mais il était seul"). Pas si sauvage que ça, le Michel, finalement, qui sait rendre hommage quand il le faut, et surtout manier la langue en esthète à l'ancienne. Les mots sonnent net et franc, avec un sens de la formule imparable. Il suffit de lire quelques titres ce textes pour s'en rendre compte : "Approches du désarroi", "L'humanité, second stade", "Consolation technique", "Vers une semi-réhabilitation du beauf", "A quoi servent les hommes ?"... Tout un programme, qui montre la variété des sujets abordés (le clonage, le féminisme, le cinéma muet, la science-fiction, les vidéos pornos, la retraite des Allemands ou la littérature. Immanquable, même si ça enrichit Flammarion pour de basses raisons.

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