Rêves de Poussière (2006) de Laurent Salgues
Une plaine aurifère toute jaunasse, des hommes qui émergent peu à peu comme des fourmis de ces boyaux creusés dans la terre, un vent qui souffle des tonnasses de poussière, dès le premier plan Salgues plante esthétiquement l'ambiance de son film en abusant, peut-être, tout de même un peu des filtres. Un étranger, un Nigerien, arrive en ces lieux (on est au Burkina Faso, pas le meilleur endroit pour le shopping apparemment), on ne sait trop ce qu'il fuit, au départ, il est certes venu pour l'or mais il ne semble pas vraiment chercher grand-chose. Cet "Eldorado" infernal (un oxymoron, c'est ça) apparaît surtout comme le meilleur endroit pour se perdre... Salgues prend tout son temps, sans charger inutilement sa trame : notre homme dès le premier jour perd conscience dans ces boyaux (il est au fond du trou, on voit bien), se blesse en concassant la pierre (un verbe définitivement très expressif), et ne tarde pas à poser son regard sur une jeune femme : celle-ci tente de survivre aux abords de ces boyaux avec sa fille, depuis que son mari a trouvé la mort lors d'un éboulement. On apprend alors le drame qu'il fuit et on comprend dès lors mieux pourquoi il tente d'aider cette jeune femme qui veut envoyer sa gamine chez un cousin en France (c'est pas forcément une bonne idée mais le gars est trop loin pour qu'il puisse nous écouter). Ce n'est point pour autant que notre Nigerien parviendra à se délivrer de ses démons...
Si Salgues fait volontairement dans la sobriété, on a un peu de mal, au delà d'une certaine fascination pour ces images lunaires jaunâtres (j'insiste), à vraiment pénétrer dans le récit. Il est clair que le jeu des acteurs (notamment les personnages secondaires) n'aide pas vraiment : leurs répliques très écrites sonnant souvent de façon un peu artificielle et leurs petites mimiques ayant souvent l'air un peu forcé. Salgues joue constamment sur l'intensité des regards (bon), filme ces faciès recouverts de poussières en cherchant un peu la belle image et peine au final à vraiment nous émouvoir avec ce récit troué de non-dit et un peu attendu. Un effort louable mais pas forcément marquant.