Ip Man (2008) de Wilson Yip
Ip Man est le dernier film hype de Wilson Yip (ça file le hoquet forcément). Mais qui est cet homme, puis-je lire dans vos yeux de profanes ? Roh, et ben c'est le créateur du Wing Chun - cette fameuse branche du Kung-fu - et le fameux maître de Bruce Lee. Franchement, vous connaissez rien... Moi non plus remarquez, avant de voir ce film d'action aux combats relativement impressionnants mais dont l'esprit nationaliste sous-jacent ferait presque froid dans le dos. Que le type soit une pointure dans son art, c'est indiscutable, et dans la première partie du film - qui use un peu trop à mon goût de filtres jaunissants - on voit tout le respect que le gazier s'attire dans cette petite bourgade de Fo Shan dans les années 30. Il s'agit d'un village qui s'est spécialisé dans les arts martiaux et notre gars y vit paisiblement avec sa femme et son gamin. Quand un gars veut recevoir une petite leçon de manchettes dans sa tronche, il est toujours partant mais il ne la ramène jamais trop devant sa femme. Il faut reconnaître que notre type Ip est plein de zen attitude et quand un gros loubard qui vient de nulle part fout la honte aux petits maîtres du village, il est forcément le dernier recours pour remettre les pendules à l'heure, sous les yeux ébahis des villageois (Ip ip ip hourra...). Donnie Yen (Ip himself) distribue 3000 claquouilles à la seconde et envoie sur le tapis notre gros gars en deux temps trois mouvements. Mais les Japs débarquent, on passe forcément aux filtres gris tellement c'est la dèche et le marasme général. Heureusement, Ip Man, c'est un peu le Batman des Chinois sur terre, et il va donner une véritable leçon de dignité et de courage à ses compatriotes face à l'occupant. Après avoir entrainé toute une usine à son art (le gros lourdaud revenant pour spolier nos travailleurs chinois) - le Wing Chun est un lointain cousin de la lambada mais qui peut se pratiquer, de 7 à 77 ans, en tenue d'ouvrier -, le général japonais du coin le défie; là, franchement, c'est vraiment le suspens pour savoir lequel va massacrer l'autre (un indice s'affiche en bas de votre écran : "il s'agit d'un film chinois"). Notre homme devient un véritable Jean Moulin de la résistance chinoise mais le film n'étant que "semi-autobiographique", on peut surtout deviner qu'il est "romancé" à mort (il est bon tout de même parfois de se retrouver autour d'un héros national). Bref, un film qui n'est po vraiment une mine pour les historiens (peut-être plus intéressant pour les sociologues modernes à la limite) mais qui devrait plaire aux amateurs de Wing Chun où chaque mouvement, sec comme un arbre mort, finit dans ta face en faisant un schlack qui fait frémir. Un sérieux divertissement en quelque sorte...