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17 février 2009

LIVRE : La Puissance d'Exister de Michel Onfray - 2006

Sans_titreLa Puissance d'Exister, ou l'art de maquiller des brêves de comptoir en essai philosophique sérieux comme tout. Le livre est à l'image de sa couverture (qui ne cesse de me faire marrer, j'avoue) : on y voit Onfray poser en penseur romantique, bien entendu concerné et pas rigolo. Eh ben c'est ça, le livre : un auto-portrait parfaitement satisfait de l'auteur, convaincu de son caractère irremplaçable dans l'histoire des Idées, et qui se regarde penser avec beaucoup de facination.

Ca commence douteux avec une longue préface qui n'a strictement rien à voir avec le schmilblick : Onfray nous prévient dès le départ : il faut qu'il raconte quelque chose d'indicible, une douleur qu'il n'est jamais parvenue à écrire. On apprend donc que le petit gars a été abandonné et placé en orphelinat, où il a subi force brimades et moult humiliations. C'est triste pour lui, bien sûr, mais c'est aussi très platement écrit et finalement très peu édifiant. On a déjà lu ça 10000 fois, et ça laisse dès le début l'impression que l'auteur va avoir du mal à parler d'autre chose que de lui, son nombril, ses douleurs forcément plus fortes que les autres, sa sensibilité et son intellect forcément plus développés. En gros, il voudrait bien se la péter "inadapté", mais ça fait long feu.

On attaque le coeur du sujet avec la suite, un essai assez hétérogène qui tente de recenser, en gros, toutes les thématiques onfrayennes, comme une sorte de compil des idées du gars. Il est question d'histoire de la philo (Nietszche plutôt que Platon), d'hédonisme, de refus des valeurs judéo-chrétiennes, de l'édification d'une nouvelle érotique des corps libérée des tabous, d'une célébration du cynisme et du cartésianisme (tout en gardant une vision presque poétique du monde), etc. Autant d'idées tout à fait écoutables, qu'on partage sans problème avec le compère. Le seul souci, c'est que tout ça est tout de même très léger léger, voire que ça ressemble même à du bon vieux poncif. Mais attention, Onfray est un malin : pour dissimuler ses clichés, il invente une écriture super-raffinée à base d'adjectifs ampoulés et édifiants. Lisez le sommaire : "Le hapax existentiel", "L'épistémé judéo-chrétienne", "La codification ascétique", "L'heuristique de l'audace", "L'identité neuronale", j'en passe et des meilleures. Voilà qui épate ; à la lecture, on se rend compte que ces mots ronflants ne sont que des cache-misère, et que la pensée ne va pas beaucoup plus loin que la conversation un peu arrosée entre potes. On est d'accord, la philo doit être pratiquement viable, la morale doit être rénovée, et il est important d'être heureux. Fallait-il un essai aussi roublard pour nous en convaincre ?

Restent une partie historique assez intéressante, quelques chapitres un peu plus originaux au niveau des idées (tout ce qui concerne l'érotique contemporaine) et un certain talent de synthèse. A part ça, une pose de philosophe trop sérieux qui confond expression du Moi et nombrilisme, et qui surtout utilise son indéniable virtuosité à la seule fin d'épater le bourgeois. Dur...

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