Le premier Jour du Reste de ta Vie (2008) de Rémi Bezançon
Nous avons donc eu droit en 2008 à trois films, au moins, sur les affres de la famille : le chef d'oeuvre de Desplechin, Un Conte de Noël, une oeuvre point dénuée de charme et de finesse d'Olivier Assayas, L'Heure d'Eté et donc ce téléfilm à peine gonflé pour le cinéma du tout jeune Rémi Bezançon, genre de C.R.A.Z.Y du pauvre (avec le transfert de Marc-André Grondin de l'un à l'autre, d'ailleurs). Je parlais du Desplechin comme un exemple d'inventivité, d'originalité, de culot, de direction d'acteurs, d'intelligence du montage... comme pour tenter de souligner les légères différences avec l'oeuvre du Rémi : scénario attendu, personnages stéréotypés, mise en scène sans saveur... Bon, je ne vais point accabler ce film de mes lourdeurs acides matinales d'autant que, le projet, en lui-même, n'est po vraiment méchant en soi et qu'on regarde finalement cela d'un oeil paresseux sans, non plus, s'ennuyer outre mesure. C'est juste aussi plat que la mer du Nord, sans les Chti, faut reconnaître.
Comme nous prévient la jaquette un peu présomptueuse et ratissant large, "cette famille c'est la vôtre" (bel effort de vouvoiement tout de même): à grand renfort d'images filmées en caméra 8, on replonge dans les années 70 (et oui, les sous-pulls, les pulls tricotés en grosse laine avec une paire de moufle, ces couleurs chatoyantes qui allaient du bleu-mauve au bleu pastel) puis on fait quelques haltes dans les années 80 avant de nous replonger dans les années 90. Cela nous permet au passage d'avoir une bande son assez disparate allant du pire (Indochine) au meilleur (Bowie, Lou Reed A Perfect Day pour la 30.000ème fois au cinoche). On suit donc les aventures de deux frères et de leur soeur dans leurs relations mouvementées avec leur papa et leur môman. L'aîné, qui enquille les études, a un peu la tête près du bonnet et ne tarde point à se fâcher tout rouge avec mum and dad. Le second est un genre de Tanguy en un peu plus grunge qui balade sa nonchalance et qui picole du bon vin. Quant à la soeur, qui ne nous épargne point sa petite crise post-adolescente (Famille je vous hais, mais en plus vulgaire), elle a dû chopper son look sur celui de Claire dans Six Feet Under. Au niveau des parents au look plutôt djeunes, on a l'infatigable Zabou qui se sent mal baisée par son homme, un homme joué par un Jacques Gamblin paisible, chauffeur de taxi, qui se branle un peu de tout et s'entend très mal avec son père qui le rabaisse tout le temps - bouh!. Chacun a droit à son petit épisode traumatisant, l'aîné qui s'installe dans son mini appart, la gonzesse qui perd sa virginité, le second frère qui fait des solos de guitare sans guitare (il y a des compétitions pour ça, ben putain, ça donne po envie de rentrer dans la mère patrie), la mère, mal baisée donc, qui fricotte avec le type de l'auto-école, et le père qui apprend que fumer tue (c'est marqué sur les paquets pourtant). C'est tout plein de bons sentiments, d'engueulades farouches et de réconciliations bourrées de petits gestes tendres et de sourires mielleux, c'est vraiment gentil comme ces anciens mercredi après-midi qu'on passait en se gavant de dessins animés et cela devrait avoir un gros succès, en prime-time, à la téloche. Du cinéma lisse comme après le passage d'une pierre ponce sur de la péloche, donc, artistiquement parlant, si jamais cela pouvait faire débat... Un film pour toute la famille - de 7 à 77 ans.