Somers Town (2008) de Shane Meadows

Après This is England, Meadows enchaîne avec un projet relativement léger - DV, noir et blanc, à peine une chtite heure de programme - un peu comme s'il venait de découvrir la Nouvelle Vague. Il s'intéresse à l'amitié qui se tresse entre deux ados, un fils de migrant polonais dont le père bosse sur un chantier, et un chtit gars provincial sans toit ni loi. Ce dernier s'est fait dépouiller dès son arrivée à Londres par trois gaziers mal intentionnés - un peu comme un phoque au Pôle Nord, voyez - et se retrouve à faire les 400 coups avec ce jeune polak un peu esseulé : vol de fringues à la laverie, petite murge entre amis, louage de chaises avec nobody around... Malgré le contexte social pas vraiment olé olé, Meadows tente de nous montrer surtout le côté "joyeuse déconnade" de nos deux bourgeons. Ceux-ci sympathisent avec un branquignol qui vivote de petits trafics (des maillots de foot, sûrement made in china, qui mélangent deux clubs in one shirt) et tombent raide dingues d'une chtite serveuse française pas vraiment farouche; ils trimballent cette dernière dans les rues de Londres sur une chaise roulante, c'est fleur bleue comme tout et on ose même le ralenti poético-gentillet à contre jour sur une chanson rugueuse d'un Springsteen local. On voit bien, à travers le père polonais qui perd un peu pied dans ses rapports avec son fils, que la vie n'est po forcément rose tous les jours - en plus le noir et blanc, cela n'aide jamais - mais nos deux petits jeunes ne se laissent point abattre et finissent par un petit tour en couleur dans un Paris stéréotypé filmé à gros grains. Sympa à défaut d'être d'une grande originalité. Cela risque d'ailleurs de vite s'oublier mais on a tellement vu pire dans le cinéma anglais contemporain qu'on préfère rester un poil positif et souhaiter une bonne continuation au gars Meadows.