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5 février 2009

L'Air de Paris de Marcel Carné - 1954

lairdeparis14Mon estime pour le Marcel Carné d'avant-guerre n'est déjà guère mirobolante, mais alors je confirme ce que pense le plus grand nombre : ses productions d'après-guerre sont carrément mauvaises. Dans un bon jour sûrement, j'ai voulu donner une chance à L'Air de Paris, que je ne connaissais pas. Je m'en mords les doigts. Pourtant, à l'affiche, un de ces couples mythiques dont on se dit que même dans un mauvais film ils ne peuvent être que bons (Arletty et Gabin), et une histoire de boxe, sport pour lequel je confesse un intérêt coupable. Le résultat est d'une paresse sans égale, une interminable histoire d'amitié/amour languissante et poussive, et un aveu de fin de carrière assez triste.

 

air3Carné veut donc reconstituer ce duo d'acteurs de grande mémoire (le même que dans le beau Le Jour se lève), et imagine même une astucieuse histoire de passation de pouvoir entre générations : Gabin est un entraîneur de boxe qui prend sous son aile un jeune ouvrier parigo, et on ne peut s'empêcher de voir là-dedans un ancien grand acteur passer le relais à la jeune génération. Manque de bol, le jeune en question est un acteur très mauvais, et du coup le message ne passe pas. Avec tous ses tics d'acteur qui n'a plus rien à prouver, Gabin est dix fois plus charismatique que ce fade blondinet sans présence. On se raccroche aux rares scènes avec Arletty (figée), dans lesquelles les dialogues sont enfin un peu mignons, dans lesquelles la complicité éclate enfin. A part ces quelques passages, le film se traîne, jamais sur le bon rythme, jamais intéressant, toujours attendu.

 

lairdeparis13Le titre annonçait au moins un portrait de Paris, et on attendait Carné sur ce sujet : mais de Paris, point, à part quelques accents argotiques exagérés et une reconstitution folklorique d'un quartier populo en studio. Carné préfère se concentrer sur cette amitié virile (à la limite du crypto-gay, dirais-je), et a tort : les plans sont trop longs, les personnages caricaturaux (surtout les riches), et la mise en scène transparente. Carné n'a jamais dû entendre parler de l'ellipse, et filme sagement TOUT, sans jamais faire confiance au cinéma : si le téléphone sonne, on a droit à un bon vieux gros plan sur ce téléphone, pendant 16 minutes (estimation personnelle) ; si un personnage quitte une pièce, la caméra le suit jusqu'au bout du bout du fermage de porte. On n'est pas des idiots, non plus, Marcel, on peut imaginer les choses. Quant aux matchs de boxe, ils ont le mérite d'être assez réalistes, mais Carné ne coupe jamais, laissant se dérouler les combats pendant toute la durée des rounds ; comme on est dans une boxe très à l'ancienne (400000 coups de poings/seconde), c'est terrassant d'ennui. Bref, une horreur quasi-totale, juste rattrapée par une tendresse entre les deux vieux acteurs.

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