Baby Boy Frankie (Blast of Silence) (1961) d'Allen Baron

New York, un tueur solitaire débarque en provenance de Cleveland. Train qui émerge d'un tunnel alors que les cris d'un bébé à la naissance résonnent encore, on est déjà dans l'ambiance. Si Frankie ne parle guère, la voix-off s'en charge pour lui, n'ayant de cesse de décrire ses mains (froides, moites, chaudes, à la coque...) qui trahissent ses états d'âme. Frankie a un premier rendez-vous sur un ferry pour conclure le contrat, ensuite que du classique : le repaire louche d'un type qui élève des rats en cage sensé lui fournir un gun, les longues filatures pour savoir où il convient le mieux de descendre sa victime, les rencontres imprévues du passé qui, bien que Frankie s'en défende, apportent un peu de chaleur en ces périodes de Noël. Le film est sec comme un coup de trique, permet une belle ballade dans le New York des années 60 et dresse le portrait d'un homme qui semble fuir les autres ou qui, lorsqu'il fait un effort, fait montre de beaucoup de maladresse (colère qui monte trop vite et baiser fougueux douteux). Si l'interprétation n'est peut-être pas au niveau de la tension du film (le personnage principal entre autre manque cruellement de charisme malgré ses faux airs de De Niro un peu trop introverti), la musique jazzy vintage un peu répétitive et le scénario d'une linéarité d'autoroute, le film n'en possède pas moins un certain charme notamment dans sa volonté de dépouiller au maximum la trame et de laisser une grande place au décor naturel (de Harlem à Manhattan) qui donne au film un vrai visage. Ca manque ici et là de temps forts, certes, mais c'est peut-être aussi ce qui donne un réalisme profond à l'ensemble, Baron ne cherchant jamais l'esbroufe. Un polar à redécouvrir qui est ressorti en France en salles en 2006.   (Shang - 18/04/08) 

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Oui, en fait on se demande un peu quel est le pourquoi de ce film, qui n'est qu'un énième film noir n'ajoutant rien de plus au genre. C'est certes très sobre, ça va droit à l'essentiel, et cette fameuse voix off ajoute une profondeur sympatique à ce scénario épuré. Dans les bons points : la biographie du personnage principal est amenée par minuscules touches très subtiles : un regard qui se perd au loin, la voix off qui assène "Souvenirs...", un contre-champ sur un groupe d'enfants qui traverse la rue ou sur une femme qui danse, et on saisit quelques bribes du passé du gusse sans avoir besoin d'en rajouter. Le personnage, très classique dans son mutisme à la Melville, est une vague silhouette anonyme et presque beckettienne dans son absence d'affect en surface : il faut que le commentaire nous explique son tourment intérieur pour que les images, quasi-documentaires, parviennent à prendre sens ; bien aimé ce hiatus entre ce qui est dit et ce qui est montré. J'ai trouvé que l'acteur ressemblait plus à Ventura qu'à De Niro pour ma part, et je l'ai trouvé plutôt pas mal. Enfin, un plan est assez sidérant : un cadre fixe sur un trottoir, et le personnage qui met une bonne minute à remonter ce trottoir jusqu'à emplir le cadre : figure de style quand même assez incroyable dans une production de ce genre.

A part ça, on reste assez peu passionné par cette histoire usée jusqu'à la trame, par ces passages obligés jamais ré-envisagés, par ces ombres de personnages, et surtout par cette absence de personnalité dans la mise en scène : Baron semble avoir potassé son Aldrich (le premier plan est un quasi-copié de Kiss me Deadly), son Huston (période Asphalt Jungle) ou son Dassin (un final à la Night and the City), mais ne parvient pas à ajouter sa patte. Au final, c'est assez creux, plaisant parce que typique d'un genre, mais en-dessous de ses modèles.   (Gols - 01/02/09)