Les Paupières bleues (Párpados azules) (2007) d'Ernesto Contreras
Vous voyez Spiderman et Catwoman ? Bon ben prenez l'inverse. Contreras signe l'histoire d'amour mexicaine la plus pathétique of the world et, à défaut d'émerveiller, ses personnages de total "loser" finiraient presque par être touchants. Je dis loser et je suis rude tant l'on a plus tant l'habitude de voir des gens aussi banals, voire normaux au cinoche. C'est tout de même ici assez gratiné dans la normalité, si vous me passez l'expression. La femme aux paupières bleues, c'est Marina : elle vient de gagner un voyage à deux dans sa boîte, 10 jours à la playa. Le problème c'est le "deux". Elle ressort son carnet d'adresse et après une ligne se rend bien compte qu'elle n'a pas d'amis ou qu'ils sont tous, aujourd'hui - disons 10 ans après le dernier contact - sous d'autres cieux. Reste sa soeur mais cette dernière voudrait bien partir... sans elle. Heureusement (tin-tin-tin), elle croise un individu du collège qu'elle ne "reconnaît" ni d'Eve ni d'Adam, mais ce dernier fera l'affaire; détail particulier de notre gars : super seul. Ils décident de se voir avant le départ pour faire meilleure connaissance. Le blême c'est qu'ils ont absolument rien à se dire : le premier grand moment du film, c'est la discussion qu'ils ont à l'aller et au retour d'un super week-end passé à la campagne sur un bord d'autoroute; c'est exactement la même, à la virgule près, et ça, c'est assez fendard - ils enlèveront aussi leur slip à l'unisson côte à côte sur leur lit mais cela c'est 3 heures plus tard dans le film et je voudrais pas vendre la mèche. Lors de ce fameux déjeuner sur l'herbe, elle passe son temps à tirer un à un les fils de la couverture du pique-nique pendant que lui essaie mine de rien de s'intéresser à la feuille morte qu'il tient entre ses doigts. Plus timides et patauds, tu meurs; ces petits moments d'immense solitude à deux sont terribles et cela me rappelle horriblement quelques grands souvenirs. Il y aura donc aussi, autre summum (j'ai vendu la mèche, nan?), une scène d'amour à 1,3 à l'heure où chaque mini craquelure du lit résonne dans la pièce comme un enfer. Contreras a la main un peu lourde et on saigne notre race pour eux deux. Je ne vous raconte point la suite, c'est à l'avenant. On est absolument dans le grand minimaliste et c'est finalement relativement courageux de signer un film aussi peu sexy; c'est d'ailleurs ce qui fait au final sa force (toute raison gardée) et son petit côté attachant, même s'il est à déconseiller à toute personne lors d'un premier rencard - ce qui pourrait constituer un tag. Minimaliste, c'est bien ça.