Coups de Feu dans la Sierra (Ride the High Country) (1962) de Sam Peckinpah
Un peu déçu par ce western très tranquille, je dirais po vieille école nan, mais sans vraiment de rebondissements (les coups de feu du titre français sont assez rares et on assiste plus en effet à une chevauchée pépère pas vraiment perverte).
Deux anciens coéquipiers (Scott et McCrea période fin de carrière) et un petit jeune se retrouvent pour ramener à la banque une partie de l'or exploité dans des montagnes tout là-haut. Trahison, pardon, sens de l'honnêteté et une palotte histoire d'amour tentent de rythmer le tout. Si le premier arrêt dans une ferme est assez oppressant avec un père ultra-conservateur tout droit sorti d'une boîte de conserve de quetsches récolte 1872, l'arrivée à la mine d'or nous plonge dans une atmosphère très américanouillarde: coups de poing dans ta face pasqu'ici c'est comme ça que ça marche, vieux juge poivrot, vieilles putasses hautes en couleur avec la même mouche (3 cm à gauche de la lèvre direction Nord-est) et un état d'esprit plus macho je vois pas. Après avoir fait un peu le ménage dans le camps, nos deux vieilles reliques seront attaquées sur le chemin du retour par les méchants frères Hammond et il y aura des morts et des blessés j'aime autant vous prévenir - il y en a même un qui fait argh quand il meurt. Nos deux amis après une pitite brouille retrouveront le sens de la vieille camaraderie avant que l'un des deux clamse sur le générique de fin. Il y a certes tout le savoir-faire du Peckinpah, de très joulis paysages dans cette réserve américaine où le petit jeune est prié de pas laisser traîner les papiers dégueulasses de ses sandwichs; mais c'est néanmoins un peu trop dans le genre "Allez petit, prends de la graine de tes ancêtres" avec un scénario qui reste relativement prévisible de bout en bout: cet ersatz d'histoire d'amour manque définitivement d'éclat et plombe même l'ensemble. Préfère amplement les futurs réalisations du Sam, restant méchamment sur ma faim lors de la vision de cet opus. [Le film ressort en France le 21 Mars]. (Shang - 08/03/07)
De "classique" à "pépère", il n'y a qu'un pas, et c'est vrai que ce Peckinpah-là plonge bien souvent dans un savoir-faire sans risque qui plombe le film. Assez d'accord avec mon camarade : c'est tranquille, ça suit tranquillement son bonhomme de chemin, mais sans aspérité et sans vraie passion. Ca commence pourtant assez bien avec une course de chameaux en plein coeur d'une bourgade à l'ancienne. On apprend que la bestiole est plus rapide qu'un canasson, j'aurais pas cru. Ensuite, quand nos zigues sont envoyés chercher l'or dans la montagne, on se dit qu'il va y avoir du bandit de grands chemins dans l'air. Mais, et c'est à peu près le seul intérêt du film, on se trompe : personne ne va véritablement convoiter l'or (qui se résume d'ailleurs à une poignée de dollars bien maigrichonne). C'est de l'intérieur que vont venir les problèmes : histoires de cul et trahisons entre potes, on ne s'y attendait pas.
Doit-on y voir une métaphore sur l'Amérique rongée par ses propres atavismes (le machisme, la femme spoliée, le vieillissement) alors qu'elle fait semblant de combattre un ennemi extérieur ? Je ne sais ; en tout cas, Peckinpah est bien flou sur la question. Même si le personnage de l'intégriste religieux semble aller dans cette voie, le reste du film hésite entre morceaux de bravoure inhérents au genre (assez pâlement mis en scène) et voyage intérieur. C'est finalement ces longues conversations au coin du feu ou ces concours de versets bibliques qui convainquent le plus, en ce qu'ils rompent avec une tradition attendue du western. Ceci dit, ils sont aussi assez chiants, et Ride the High Country souffre sévèrement d'un rythme trop lent et de personnages d'un bloc. On finit par sourire devant ces phrases toutes faites ("Aaargh, laisse-moi mourir seul, my old brother") et par se désintéresser de ces cow-boys surrannés. (Gols - 19/01/09)