Che : L'Argentin (Che part 1) de Steven Soderbergh - 2009
Que ceux qui attendaient de ce Che part 1 une sorte de Traffic dopé à la réalité remballent leurs espoirs sous leur béret à étoile rouge. Soderbergh a rangé bien sagement ses ambitions passées sous ses Oscar, et nous sert avec ce biopic un tranquille portrait énamouré de la star des t-shirts bobos. Je ne sais pas grand-chose de Che Guevara, qu'on soit bien d'accord ; mais il me semble que l'ampleur du personnage méritait autre chose que ce discours unilatéral et sans nuance, qui nous laisse sur nos clichés. On apprend des choses, certes, mais autant qu'en feuilletant un livre d'histoire moyen ; du côté du cinéma ou de l'engagement, rien à se mettre sous la dent dans cette fresque paresseuse et scolaire.
La seule bonne idée, qui fait long feu d'ailleurs, c'est ce montage qui met constamment en parallèle le Che des premiers temps, celui de la guerilla de jungle et des combats, et celui de 1964, arrivé politiquement et interviewé par la télé américaine. Soderbergh choisit de filmer la première époque dans des couleurs très hollywoodiennes, comme un film d'aventures et d'évasion, et la deuxième dans un noir et blanc crasseux qui fait son effet : on perçoit dans ce faux filmage maladroit une tentative de clin d'oeil envers les grands documentaristes de la vérité américains, les Pennebaker, les Wiseman, en même temps qu'une volonté d'inscrire son personnage dans l'époque expérimentale de ces années-là. On pense à Warhol et à son discours sur la société du spectacle, c'est plutôt bien vu dans cette volonté de placer Guevara dans un énorme barnum spectaculaire qui le dépasse un peu. Voilà qui fait espérer que la deuxième partie du film sera un peu plus tenue et critique envers le héros cubain.
A part ça, on assiste à une hagiographie assez pénible du dieu-Che : le Che qui soutient ses camarades blessés, le Che qui obéit aux ordres de Fidel, le Che qui apprend à lire aux paysans, le Che qui se place en première ligne des combats, le Che qui fusille-d'accord-mais-c'est-pour-la-bonne-cause, le Che qui sourit affectueusement à ses guerilleros... Pas de contre-point, pas d'ambiguité, le héros reste l'icône qu'on attendait qu'il soit, et Soderbergh, du coup, n'arrive pas à le rendre humain, à le faire sortir du mythe. D'où l'impression de déréalisation du film, cet aspect glacé qui gâche toute émotion ou tout questionnement. On suit pépère les aventures du gusse, sans trembler pour lui étant donné qu'il est invincible, sans vibrer devant ses actes de bravoure étant donné qu'ils nous sont présentés comme des symboles et non comme des actes concrets mettant en danger sa vie. Del Toro ressemble aux posters, Fidel a sa barbe et fume des cigares, et McCarthy est antipathique, et les élèves de 5ème pourront prendre des notes, c'est parfait. Mais Soderbergh est resté se dorer sur les plages de Varadero.
le deuxième épisode est là