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11 janvier 2009

La Baie des Anges de Jacques Demy - 1963

baiedes015Un peu déprimé, le Jacquot, en 63, mmm ? En tout cas, La Baie des Anges ne ressemble pas vraiment à un film de Demy : d'une sobriété confinant à l'austérité, porté par un acteur principal au jeu distancié, amer sans aucun des contre-points colorés habituels du maître, on a plus l'impression parfois d'être dans un Bresson que dans un des grands films acidulés de Jacques. Du coup, on est forcément un peu déçu, même si on reste souvent ébahis par certaines scènes.

Le film est assez curieux, qui voudrait parler de la passion folle (celle pour le jeu, mais aussi celle pour la femme ou pour la liberté) avec un ton feutré et une rigueur janséniste. On voudrait que ça déborde plus souvent, comme dans ce dernier plan où la musique poignante de Legrand envahit littéralement le champ en montrant un couple qui Baie_des_Angess'enlasse (image positive trop tardive pour tromper qui que ce soit), ou comme ces trois séquences où la même musique accompagne les mouvements de la roulette du casino, avec ces beaux fondus enchaînés très "tourbillon de la vie". Pour ces quelques moments où le romantisme tonitruant de Demy éclate enfin, il faut assister à des dialogues sérieux comme des papes, à des plans trop rigoureux, à une utilisation trop fermée des décors. Le cadre de l'histoire aurait pu donner des plans splendides : Nice, Monte-Carlo, le luxe des hôtels et des casinos, les petites rues... Mais Demy était de toute évidence beaucoup plus passionné par Nantes, dans Lola, que par la côte d'Azur, et se bouche les yeux pour mieux regarder la descente aux enfers de ce couple de flambeurs irresponsables. Tant pis, ou tant mieux : l'ambition est bien là, la magie un peu moins.

Il y a Jeanne Moreau, bien sûr, très dans ses marques (je ne suis pas un grand fanatique de cette acrtice, il faudra bien que je m'en convainque un jour), que Demy veut rendre absolument photogénique avec sa chevelure blonde et ses gros plans concernés (un monologue sur le sens du jeu comparé au sens de la vie assez lourdement joué). C'est vrai qu'elle a du charisme, la bougresse, et que le cinéaste la regarde avec gourmandise, surtout dans baied002les scènes de casino qu'elle mène avec une belle subtilité. Il y a aussi, et c'est plus demyesque, toute une symbolique sur la liberté opposée au monde petit-bourgeois sclérosé : le père, gardien des traditions, est un horloger pointilleux ; le copain, un flambeur aux belles bagnoles et aux tuxedos hors de prix, représente la Tentation avec finesse ; et la femme fatale, toute de Pierre Cardin vêtue, est ambigüe à souhait (vamp ou femme perdue ?). Mais tout ça n'arrive pas à transporter complètement, on reste trop souvent dans le cérébral. Entre Lola et Les Parapluies, Demy a laissé un peu ses tripes au vestiaire.

Tout Demy : clique

Commentaires
A
Le Studio 43... Houlà , ça ne nous rajeunit pas, mon bon. <br /> <br /> On pouvait y croiser Straub sans Huillet, et vice versa. <br /> <br /> (Je parle de celui de Paris. )<br /> <br /> Et l'Action La Fayette? Hon ? ça dit quelque chose, l'Action La Fayette ?
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M
" La Baie des anges" , vu , soirée difficile à oublier , au Studio 43 , au moment où sortait "Une chambre en ville" et la bio de Demy par JP Berthomieu . Ce soir-là c'était un grand film et en 2016 ça reste un bon film , qu'on se le dise ...
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F
Pas déçu du tout. C'est l'histoire de gens qui passent, du calcul, du temps compté et de la passion. Un magnifique portrait de la joueuse en rupture de tout avec Jeanne Moreau sublime. Assistant réalisateur : Costa-Gavras. Assistant opérateur : Claude Zidi. C'est très réaliste, illuminé par le charme des acteurs et la ritournelle de Michel Legrand, jusqu'au dénouement : scène qui aurait pu être plus travaillée et poétique mais il devait manquer de pognon, Demy, à ce moment-là. Du Bresson ? Non, plutôt du Rohmer en moins intello.
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