Semi-Pro de Kent Alterman - 2008
On hurle tellement au génie sur les nouvelles comédies américaines régressives qu'il fallait bien s'y intéresser à un moment ou à un autre. Essai plus ou moins au hasard, donc, avec ce Semi-Pro qui, je ne vais pas vous le cacher, ne m'encourage pas forcément à voir d'autres films du genre. Non pas que ce soit complètement inregardable, mais je m'attendais au moins à un moment d'impolitesse et de mauvais goût ; je n'ai trouvé que style lisse et consensuel et mièvre historiette sans intérêt.
C'est l'histoire, en 1975, de l'ascension alléatoire d'une équipe de basket ringarde, les Flint Tropics, menée par le charismatique Jacky Moon (Will Ferrel), simplet attachant plus versé dans l'entertainement que dans la tactique sportive. Il va mener son équipe de bras-cassés jusqu'au sommet du classement, à coups de coups médiatiques et de méthodes pas très catholiques, aidé aussi par un ex-champion (Woody Harrelson). Bon. Au rang des réussites, notons une façon assez agréable de filmer les matchs eux-mêmes : Alterman sait rendre compte des mouvements des joueurs et de la balle, en en respectant le rythme très rapide tout en réussissant à insérer des petits gags verbaux et gestuels dans l'action. Ferrel parvient à y déployer sa fantaisie sans qu'on décroche du match, c'est plutôt bien maîtrisé. D'autre part, Alterman arrive à rendre attachants ses personnages, aussi crétins soient-ils, et a une belle façon de se placer à égalité avec eux : ils sont un peu cons, certes, mais ils parviennent à leur but avec une naïveté enfantine, et ils sont suffisamment bien dessinés pour être crédibles. Il y a notamment une chorégraphie minable inventée par Jacky Moon pour relancer le spectacle, à base d'hippocampes qui se dandinent, qui pourrait juste être ridicule : il parvient à la rendre charmante par la foi que les personnages mettent là-dedans, par la démonstration de leur esprit d'équipe et par l'absence de jugement du réalisateur sur eux.
Mais pour ces quelques points positifs, on est obligé de se taper une franche bluette qui ne dépasse jamais les limites de la décence et du film pour enfants. Il y aurait sûrement eu de la place pour une vraie insolence dans ce personnage proincipal qui traite les règles du sport par-dessus la jambe : le film se contente de le faire légèrement déborder, le comble de son audace étant de frapper ses adversaires avec une chaussure ou de casser les chaises à la réunion de la NBA. Les autres personnages sont pareils : on nous fait croire qu'ils vont être barrés (le commentateur fan de gros seins, le joueur roumain qui ne comprend rien, la mamma black fan de son fils, le supporter idiot), mais on ne les laisse jamais déborder du cadre lisse d'un scénario très attendu. Peu de gags au final, et si gentillets qu'ils deviennent insipides. Bon, je suis peut-être mal tombé, je ne désespère pas de l'écurie Jude Apatow, la suite au prochain numéro.