Fanfan la Tulipe (1952) de Christian-Jaque
Quelle drôle d'idée, hein, en étant fan de Godard et de Truffaut, que de se taper un film du gars Christian-Jaque, le roi du cinéma de papa... Bon, d'abord, cela fait partie des rares films français qui sortent en collection Criterion - mouais et ?...; bon et puis il faut aussi connaître parfois ses ennemis, nan...? Allez, tous ces préjugés mises à part, au final, qu'en est-il du film ? Certes, Fanfan la Tulipe est un peu cucul, pour ne pas dire un peu concon. Mais il personnifie parfaitement le genre de héros que les Français voulaient dans l'après-guerre (ah, on y est toujours...!): un gars fougueux, qui aime la gaudriole, victime d'une société vraiment trop injuste mais s'en sortant toujours avec brio et avec le sourire. D'ailleurs, c'est dommage que la Pompadour, pour le remercier d'avoir sauvé la Reine, lui file une tulipe - à l'orgine de son sobriquet, forcément - une pipe aurait été plus adaptée vu que le Gérard Philippe est tout le temps hilare... Fanfan la... ouais c'est ça, rires. Sinon, cela tourne complètement à vide, on est d'accord, mais c'est aussi mené tambour battant au niveau du rythme - soyons honnête -, le Gérard n'étant pas rat pour effectuer lui-même certaines cascades. C'est un film de "Pâques et d'été" hors-saison et tout public, on sent que le Christian-Jaque ratisse large, porté tout de même par un héros en pleine bourre et une Lollobrigida lollobrigidienne - le cinéaste tente de multiplier les plongées et on acquiesce grossièrement. L'histoire commence comme Bardamu s'engageant dans le Voyage au bout de la Nuit et se termine avec des ennemis qui parlent à l'envers comme le nain twinpeaksien de Lynch - toute autre comparaison entre les trois univers serait vraiment du vice. René Fallet, un gars ben de cheu nous, multiplie les dialogues à se rouler par terre, du genre : "Quand il a trop bu, il ne sait plus ce qu'il boit" - bon, y'a pire aussi. Bref, du cinéma popu qui se prend pas la tête, du cinéma de papa devenu cinéma de grand-père. Notre Indiana Jones à nous, quoi... Ca vaut son "Gérard".