Werner Herzog eats his Shoe (1980) de Les Blank
Bon, je sais, "pointu", "nécessaire", ok, mais à ce point... est-ce bien utile ? Attention, ce court-métrage est plus futé qu'il n'y paraît. Au départ un pari de Herzog (apparemment coutumier du fait, vu qu'après la brûlure d'un acteur sur le tournage des Nains aussi ont commencé petits, il avait promis de se battre avec un cactus si le nain s'en sortait sain et sauf - bilan, une épine à vie dans le genou du Werner qui prend la chose placidement), qu'il avait fait au documentariste Errol Morris s'il parvenait à achever son premier film (ok Bas*ien, je mange une tong). Herzog est homme de parole et après avoir accommodé soigneusement la paire de pompes (ail, oignon, graisse de canard, sauce pimentée,... ingrédients complets sous le tag "recettes") s'attaque à son pari devant le public venu assister à Gates of Heaven (excellent docu par ailleurs, qui, à partir du thème des cimetières pour animaux domestiques, montre tout le pathétique de nos chers contemporains dans notre bonne société capitaliste où les émotions s'effritent...). Derrière l'aspect clownesque, Herzog insiste sur la nécessité de passer "à l'acte" lorsque l'on veut réaliser un film; ce pari, certes stupide, est d'une part une preuve d'encouragement du cinéaste qui a toujours respecté son pote Errol. Mais le plus important pour lui, c'est que dans un monde, ravagé par les talks-show et les images de pub, on finit par perdre complètement contact avec la réalité. Si un film ou un docu ne va jamais révolutionner le monde, il peut, d'après Herzog, changer sur le long terme la "perspective", la façon de penser du téléspectateur. Ce pari, finalement, est presque une profession de foi envers la valeur du cinéma - celui fait à partir de convictions profondes... Et pis, comme le rappelle le Werner, il a déjà survécu au KFC, une pompe (sans la semelle, précise-t-il, pince sans rire, on mange pas les os dans le poulet...) ne peut pas être pire. Cuir ?