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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
9 novembre 2008

WALL-E de Andrew Stanton - 2008

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WALL-E tient du miracle, tant les productions Pixar rivalisaient depuis quelques films de roublardise droitiste du pire effet. Stanton (déjà auteur du seul beau film Pixar, Nemo) va résolument à l'encontre de ses camarades de jeu, Brad Bird (Ratatouille) et John Lasseter (Cars), en livrant un petit bijou d'irrévérence. Là où ses sbires se prosternent aux pieds du capitalisme de bas étage, en se drapant sous des panoplies de progressistes, lui se permet tranquillement de malmener son public en le secouant dans ses pires travers.

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La première demi-heure de WALL-E est prodigieuse : un petit robot chargé de nettoyer les déchets de la Terre, abandonnée depuis 700 ans, accumule dans son abri les vestiges d'une humanité disparue. Seul au milieu des montagnes d'ordures, il retrouve la magie des vieux films, du Rubbik's Cube et de l'emballage à bulles. A la manière d'un anthropologue, il entasse sans nostalgie des objets inutiles, témoins d'une certaine innocence annihilée. Cette partie muette est d'une beauté et d'une nostalgie éclatantes, d'autant qu'on sent poindre un très sincère discours sur les dangers de la pollution et la bêtise de nos contemporains. Le robot recommence à zéro l'histoire de l'Humanité, en commençant par ses objets. Le design du personnage est en ce sens parfait : constitué d'éléments à l'ancienne (son regard est fait de vieilles jumelles, ses chenilles évoquent les tanks), rappelant le E.T. de Spielberg, doué d'une humanité troublante alors même qu'il est complètement artificiel. Seul un cafard peuple sa solitude, cafard qui pour une fois n'est pas chargé d'anthropomorphisme à la con comme dans la plupart des films d'animation.

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Débarque un autre robot, très clairement japonais, nommé Eve (vous me suivez ?). Ensemble ils vont recréer quelque chose qui ressemble à un dialogue, chacun faisant découvrir à l'autre ses passions. La beauté de cette première moitié de film réside justement dans le fait qu'il est privé d'humains, et que pourtant quelque chose est possible sans eux, et même quelque chose de plus beau qu'eux. Les scènes où le héros tente de vivre malgré tout avec une Eve en panne sont très troublantes, pleines d'émotions.

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Ensuite, le film retombe dans un récit d'aventures très convenu, avec romance sucrée et scènes d'action passables. Mais Stanton en profite quand même pour fustiger le comportement des Hommes, s'en prenant directement à l'avachissement irresponsable du spectacteur : le film est à voir dans un multiplex, rien que pour s'amuser à voir les gens se redresser dans leurs fauteuils et planquer leur pop-corn à la vue de ces obèses affalés et gavés de sucreries. Très malpoli, WALL-E finit par devenir une vraie insulte à l'encontre de la société de consommation. Pas de roublardise cette fois : le message passe clair et net. Stanton y ajoute quelques fines allusions à 2001 A Space Odyssey ou à Titanic, ce qui constitue un plus indéniable. Dommage que le film ne tienne pas ses promesses politiques jusqu'au bout, il aurait gagné à être plus méchant et catastrophiste. Mais tel quel, c'est déjà un beau coup de massue sur la tête des beaufs. Espérons que ce genre de film réveillera un peu les consciences, ce dont je doute au vu du nombre de 4x4 garés devant le cinéma. Peut-être les têtes blondes ?

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J'ajoute que je vous suggère de rester pour le générique de fin, qui retraverse sans vergogne toute l'histoire de l'image depuis la Préhistoire jusqu'aux jeux vidéo, bien beau morceau de bravoure malgré la chanson de Peter Gabriel (l'horreur).  (Gols 31/07/08)


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Eh oui, une petite merveille qui se déguste avec gourmandise. Juste pour le fun une liste non exhaustive des petites choses qui m'ont le plus scié : WALL-E qui tend à Eve, lorsqu'elle pénètre pour la première fois dans son antre un fouet pour battre les oeufs (beau réflexe masculin... un fouet qu'elle massacre presque immédiatement d'ailleurs), WALL-E adepte des comédies musicales qui tente d'apprendre un petit pas de danse à Eve qui se met automatiquement à sauter sur place comme une malade (question de génération...)), WALL-E qui a ses godasses (partons ses chenilles) dégueulasses quand il entre dans le navire spatial (autre mauvais réflexe masculin ?...), les robots complètements starbés mis en cellules d'isolation (coup de coeur pour le robot lanceur de balle de tennis...), le ballet cosmique avec les trainées blanches de WALL-E et les traces bleues laissées par Eve qui tourne à la poésie pure voire à l'art abstrait, le maniement du flingue de Eve qui doit avoir quelques souvenirs de western dans sa carte mémoire, ... et toutes ces minuscules petites idées, pas forcément au premier plan de l'action, qui donnent envie de le revoir avec plaisir. WALL-E mérite d'ores et déjà sa place sur le wall of fame de l'année, aucun doute là-dessus.   (Shang 09/11/08)   

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Commentaires
E
Mouais... Moi, j'en étais resté à "Monstres et Cie" et cette remise à niveau m'a laissé sceptique. La première partie est effectivement visuellement prodigieuse et assez audacieuse dans le propos. Je redoutais l'arrivée inéluctable des humains (et des dialogues). Esthétiquement, narrativement, le film se retourne sur lui-même, balayant les audaces premières dans une seconde partie très convenue. Et les allusions à "2001" m'ont plutôt fatigué (deux fois la musique de Strauss + le plan bien insistant sur l'oeil rouge qui s'éteint, on est pas vraiment dans la subtilité).
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S
Pas trop d'accord pour Ratatouille mais pour Cars, complètement d'accord, c'est d'ailleurs ce qui m'avait frappé dans le film. Merci pour tes explications en tout cas. Et je maintiens le "génialissime", c'est justifié rien que pour la première demi-heure du film :D
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G
Je les accuse d'être de droite dans le sens où il manie l'art de la mondialisation avec beaucoup de roublardise : Ratatouille prend des airs de défenseur du bon goût et de l'exception culturelle, mais le résultat est un gloubi-boulga destiné à plaire à tout le monde, et surtout aux symboles de la globalisation des goûts : on dirait les pubs pour MacDo, qui vend de la merde en faisant semblant de nous vendre le fin du fin en matière de viande. Le film aplanit toute tentative d'originalité dans les goûts artistiques.<br /> Quant à Cars, il est encore pire : faire sponsoriser un film écolo par des marques de voitures est le comble du cynisme mondialiste.<br /> Mais WALL-E est effectivement un beau film réellement courageux. Génialissime, c'est un peu fort, je trouve, mais vive l'enthousiasme !
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S
Génialissime ce Wall-E le meilleur de Pixar à mes yeux avec Ratatouille ! Mais c'est vrai que dans la deuxième partie du film, ça fait trop "formaté", trop grand public, c'est dommage...<br /> En tout cas je ne comprend pas pourquoi tu accuses Pixar d'être de droite. Les Inestructibles et Cars c'est pas bien je suis d'accord, mais le reste est merveilleux je trouve !
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G
Grand merci pour cet aimable et chaleureux commentaire, Coconuts, ça fait plaisir. Tu vas voir, merveilleux petit moment que ce WALL-E. Longue vie à toi.
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