Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
OPHÜLS Marcel
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
19 octobre 2008

Mon Oncle Antoine de Claude Jutra - 1971

babycarthkvidz2023Intéressant et intrigant petit film, qui arrive doucement, sans prévenir, et vous laisse un goût assez amer en bouche. Mon Oncle Antoine ressemble à une nouvelle de Tchekhov, ou à un de ces textes naturalistes de Boulgakov : dans la douceur du style, dans l'innocence apparente, se cache une noirceur prenante, amenée sans fanfare au sein d'une histoire a priori dénuée d'ambition.

Benoît, 15 ans, travaille dans le magasin de son tonton Antoine, qu'on nous montre à la veille de Noël : on décore la vitrine, on dragouille la jeune fille de la maison, on se prend les pieds dans la boîte à clous ; comme ça, à vue de nez, on est dans la mignonne chronique d'un village et de ses habitants, tourné vers la tendresse sans 753_1conséquence et le portrait lisse. Jutra appuie sur les petits travers de chacun, avec bonhommie et sans insister : Antoine a tendance à abuser un peu de la bouteille, le commis gronde gentiment, la maîtresse de maison manque un peu de tact quand une cliente cherche discrètement à acheter un voile de mariée... Tout ça n'est pas bien méchant, et on s'imagine être dans un joli film, point barre. Jutra sait très joliment rendre l'ambiance dans cette boutique pleine de vie, les villageois qui attendent avec impatience l'inauguration de la vitrine de Noël, le petit gars qui pose une main sur le sein de sa copine ou qui mate discrètement la bimbo qui vient essayer une robe. Bref, c'est assez fin et jovial, même si on peut attendre mieux.

Mais depuis le début, Jutra a semé quelques indices qui laissent à penser qu'une autre lecture est possible. Dès les premières scènes : un cadavre dans un cercueil, traité avec indifférence par un couple de croque-babycarthkvidz2070morts impersonnels ; un homme qui se rebelle contre son patron et décide de partir dans la forêt ; un enfant de choeur qui bouffe les osties en cachette et saute sur les bancs de l'église... Quelque chose de plus inquiétant semble se cacher sous la gentille chronique à la Dickens. Et effectivement, le film prend un brusque virage à moitié chemin : le monde idylique du jeune Benoît (prénom et adjectif) va subitement se frotter à la réalité, sombre et triviale. A l'occasion de la mort d'un adolescent, il va découvrir un univers de tromperies, d'ivrognerie, où rien n'est respecté de tout ce en quoi il croyait. Très belle séquence, notamment, dans la maison du mort : Benoît y fait l'expérience d'une curiosité métaphysique très bien vue, représentée par une porte entrouverte (derrière se cache le mystère de la mort), des regards troubles, une angoisse prenante, la difficulté qu'il y a à affronter le contact avec le cadavre, le tout sur fond de beuverie gloutonne de son tonton. Toute la babycarthkvidz2031suite, une course nocturne dans la neige, où on traîne un cercueil dans une charrette, devient troublante, magnifiquement sentie et écrite. Le parcours initiatique de Benoît est un cheminement vers les mystères de la mort et du sexe, et il n'est pas très beau. Jutra, metteur en scène inspiré et subtil, parvient à rendre concrète cette horreur de grandir au milieu d'un monde vulgaire et mêchant. Mon Oncle Antoine est un très beau moment faussement innocent et violent.  (Gols 19/04/08)


Po grand chose à ajouter à la fine analyse de mon poteau. En une journée, le gars Benoît passe par toutes les émotions, des premiers émois aux premiers effrois, des premières joies au 438_box_348x490premier dégoût : il faut le voir rentrer de nuit dans la boutique, après cette fantômatique traversée dans la neige où il a troqué le cadavre de l'adolescent par la dépouille ivre-morte de son oncle; il pense avoir eu sa dose d'émotion pour la journée, lorsqu'il se rend compte que sa tante fricote avec le commis - c'est po joli-joli tout ça et on comprend qu'après ce périple, sa vision sur le monde qui l'entoure va radicalement évoluer. La mise en scène n'a en effet rien d'extraordinaire, ni le grain ou la luminosité de l'image d'ailleurs, mais Jutra soigne tout particulièrement ses gros plans, sur l'enfant, sur la jeune fille espiègle qu'il courtise ou encore sur la mère qui vient de perdre son enfant - il y a beaucoup de regards qui en disent long sur la petite flamme qui les anime ou le mal-être qu'ils renferment au fond d'eux-mêmes. On se rend compte également qu'aû Cânâdâ on pârle pâs vrâiment non plus la même langue que cheu nous, ben non alors, mais cela ajoute à la petite touche locale. Considéré comme le "meilleur film canadien de tous les temps", on ne finit pas les jambes sciées mais avec l'impression d'avoir assisté à un portrait d'ado d'une grande sensibilité - c'est beaucoup, caribou. (Shang 19/10/08)

Commentaires
Derniers commentaires
Cycles
Cycle Collection Criterion 1 2 3 4 5 6 7
Cycle Cinéma Japonais 1 2 3 4 5 6 7
Cycle Festival de Cannes 1 2
Cycle Western 1 2 3
 
 
Best of 70's      80's      90's      00's      10's
 
Ecrivains