La Dernière Vague (The last Wave) de Peter Weir - 1977
2001, a Space Odyssey n'a décidément pas eu que des retombées heureuses, ni le LSD consommé à outrance cela dit. Peter Weir, visiblement en pleine influence de l'un et de l'autre, se targue de produire lui aussi son petit trip expérimental, et nous sert ce gros space-cake indigeste en guise de manifeste hippie. Sa panoplie est un peu rongée au mites, ou en tout cas il l'endosse sans trop y croire, mais il n'a pas l'air de s'en faire pour ça : The last Wave avance avec la crânerie du petit malin qui n'a retenu du film de Kubrick que son côté abscons.
Le recyclage des éléments hippies tourne en plein, avec ce scénario fantastique qui mélange un futurisme apocalyptique avec les traditions ancestrales de l'Australie. En gros, Richard Chamberlain joue un gars lambda qui, à l'occasion d'un meurtre, va découvrir qu'il est un bulgudul (ou un mot approchant), c'est-à-dire un esprit visionnaire qui appartient à une autre dimension et qui fait son apparition juste avant l'Apocalypse... Moi aussi, quand j'ai bu, je déconne. Weir y va fort, avec moult pierres sacrées, force chants gutturaux millénaires, et nombre d'aborigènes au regard profond qui se transforment en hibou et font déborder les baignoires. Tout ça peut déclencher un vague rictus si on est bien luné, mais provoque surtout un ennui mortel : le film aurait gagné à être élagué d'une bonne heure et demie (il fait 1h41), c'est un fait, mais surtout à se débarrasser de ces tendances ésotériques genre rayon du fond de Nature et Découverte. Au milieu de ces séquences sentencieuses peuplées de sorciers de Prisunic, il faut se fader des dialogues à rallonges insupportables, des mines pétrifiées de Richard Chamberlain à faire trembler Achille Zavatta, et une mise en scène indigente au possible.
Dans la dernière bobine, Weir sort l'artillerie lourde en s'efforçant avec un bel effort de brouiller les pistes : on a droit à un long délire mystique sur l'Apocalypse qui met son point d'honneur à démentir les sur-explications du reste du film (franchement, y a que Chamberlain qui n'a pas encore compris ce qui lui arrive). On sent le petit Peter trépigner : "Moi aussi je peux faire du mystère !" ; en guise de mystère, on n'a qu'une longue thèse soporifique type "Connaissance du Monde" à se mettre sous les yeux. Une nazerie lourdissime.