L'Orphelinat (El Orfanato) de Juan Antonio Bayona - 2008
"Le plus grand succès espagnol de tous les temps", annonce fièrement l'affiche, comme si ce succès était gage de qualité. Il faudrait quand même revérifier les chiffres de Buñuel, mais passons. Je pense surtout que les calculs effectués pour arriver à cette allégation prennent en compte tous les films d'horreur espagnols récents. Oui, parce que El Orfanato est strictement le même film que ceux d'Amenabar, Del Toro, Balaguero et autres. Il y a eu la vague asiatique, avec des films qui finissent par se ressembler, tous ; il y a la vague hispanique, avec des films qui finissent par se ressembler tous.
Donc : orphelinat, poids du passé, fantômes d'enfants, crissements d'escaliers et femme plongée dans l'horreur, rien de nouveau, on a vu ça 1000 fois. Bayona tente de faire le lien entre l'esthétique baroque de The Others et la modernité de L'Echine du Diable, et pond un produit commercial sans personnalité et sans âme. Toutes les scènes semblent faire partie d'un catalogue obligatoire, non seulement dans la construction générale du film, mais aussi dans leurs mouvements internes. On sait toujours ce qui va se passer, et comment ça va se passer. Ce qui sauve quand même El Orfanato du complet tout-venant, c'est une jolie photo élégante et des acteurs plutôt convaincants. Par ailleurs, quelques scènes sont un peu plus senties : celle de la séquence de spiritisme, qui évacue le pur effet pour se concentrer sur l'intimité (Geraldine Chaplin est franchement sobre dans son rôle de médium casse-gueule), et qui du coup est assez effrayante (des cris d'enfants entendus dans des micros mal réglés) ; celle de l'accident dans la rue, assez brutale ; et celle du "1,2,3 soleil" macabre, où on sent que Bayona a retenu deux-trois leçons de Carpenter, pour l'immobilité et la tension. Le film est finalement peu effrayant, contient peu de scènes spectaculaires, et se concentre sur un romantisme surranné qui parvient parfois à ses fins. Mais pour ces quelques moments inspirés (bien que déjà vus), on doit se taper un scénario pépère et usé jusqu'à la trame, et des tonnes de séquences inutiles voire ridicules (le jeu de piste organisé par les petits fantômes taquins, les comportements étranges du petit, les imparables "photos-surgies-du-passé-et-qui-expliquent-tout", et tout le blabla de l'enfance maltraitée). Ingrat.