The Fall (2006) de Tarsem Singh
Produit par David Fincher et Spike Jonze, tourné sur 4 ans dans une vingtaine de pays, le film de Singh attise quelque peu la curiosité, même si l'on sait que c'est très souvent un vilain défaut. Et la première heure et demie confirme ce que l'on craignait : un jeune homme paralysé des jambes se lance dans un récit héroïco-fantaisyo-touristique pour attiser l'attention d'une petite fille de cinq ans - il cherche en fait à la convaincre, entre deux épisodes, d'aller lui chercher des médocs pour mettre fin à sa vie. Vous allez me dire, ouh là!, et vous avez pas forcément tort d'autant qu'on a droit à un enchaînement d'images chromo (voyez l'affiche, déjà... Dali en pleure...) qui dépassent l'entendement : oh oui c'est jouli, mais comme une meringue multicolore; l'intérieur - le fond si vous voulez - se révélant passablement creux. On serre violemment des dents. Attention, il faut reconnaître que Sigh n'est point un guignol visuellement parlant, chaque image est ultra léchée, chaque décor -les 28 merveilles du monde- est exploré sous toutes ses coutures, les costumes sortent tout droit du confiseur... On se dit mauvaise pioche, tant pis, il n'y avait po grand chose de toutes façons dans les rayons aujourd'hui.
Et puis à force de prendre son mal en patience, cette gentille niaiserie finit par dérailler, le récit prenant une tournure relativement sombre à mesure que les héros de l'histoire, racontée par notre paralysé, morflent... La chtite gamine de cinq ans tient bien son rang, une véritable alchimie se créé avec le conteur : à mesure qu'elle pleure pour demander de l'indulgence à son conteur qui massacre les héros de l'histoire un à un, on se prend à fondre comme un sucre sous un orage; l'effet est ultra-facile (ouais...), on s'en veut à mort de craquer aussi bêtement, mais cette petite distorsion dans le gentillet déroulement de l'histoire est tout de même quelque peu (un poil, disons) salvatrice et inattendue. Comme quoi je peux aussi faire preuve d'un peu d'indulgence et ne point m'arrêter en route à des préjugés (rarement certes, eheh). L'ensemble demeure tout de même, soyons franc, d'une platitude assez consternante malgré ce petit twist en route : le gars a du potentiel, visuellement parlant, mais un peu comme un Jeunet, en un peu plus pervers, voyez. Peut-être qu'avec un vrai scénario -le syndrôme Shyamalan ?- le gars pourrait devenir un jour intéressant. Je maintiens fortement le conditionnel.