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28 décembre 2023

Trafic (1971) de Jacques Tati

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Trafic n'a peut-être pas la classe de Playtime, il n'en demeure pas moins que cette ultime aventure de Mr Hulot est truffée de cocasserie et qu'on passe rarement cinq minutes sans lâcher au moins un sourire (sur l'air de "Mon Dieu qu'il est con" avec toute la gentillesse du monde). On se doute dès le départ et la première crevaison sur le bord de l'autoroute, que cette ingénieuse "voiture camping car" (qui ferait passer l'Aston Martin de James Bond pour une Smart) n'arrivera jamais en temps voulu à l'exposition automobile d'Amsterdam et l'on se cale d'avance dans son fauteuil, le coude sur la portière, pour savourer ce périple plein de digressions.

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Tati sait développer à merveille ces petits moments d'absurdité (deux automobilistes se croisent, chacun d'un côté de la route, avec son jerrican vide) qui dérivent en farce facétieuse et délirante (s'engage entre les deux hommes une véritable course poursuite dans la campagne à la recherche d'une station essence perdue). On a droit à quelques moments volés où on comprend pourquoi les Chinois nous appellent les longs nez (la voiture semble un espace vital essentiel pour se curer le pif), à des carambolages ubuesques (je vois pas trop le sens de l'adjectif, ici, mais cela vous donne une idée du feu d'artifice déjanté de jantes qui partent en tout sens), à des acrobaties keatoniennes hilarantes (Hulot, un mur de lierre, un arbre, ou comment l'homme devint chauve-souris), à des petits clins d'oeil godardiens ("Dégueulasse, ça veut dire quoi ?" lance la grande bringue british, une beauté à se damner), à des instants de pure poésie apollonienne (la séquence, au petit matin, dans une brume lunaire, où les deux gaziers sont au ralenti, dans le garage, est un pur joyau)...

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Notre icône dégingandée n'en finit point d'arpenter de sa souple démarche les aires d'autoroute mais demeure encore, malgré l'âge, d'une maladresse séduisante ( il est tout prêt d'emballer la girl en public relation, le veinard). Il y a certes quelques baisses de régime mais comment en vouloir à notre Hulot capable encore de mettre en scène une bonne centaine de gags visuels, avec toujours la même finesse. J'en gardais un très lointain souvenir pas vraiment super alors que ce Tati reste étonnamment électrique - définitivement en avance sur son temps.  (Shang - 31/08/08)

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Jamais été un grand amoureux de ce film, qui me rendait déjà perplexe enfant quand je voyais mes parents écroulés de rire devant leur télé. Il me semble signer le début d'un manque d'imagination et de nerfs chez Tati, accuser une certaine paresse, en un mot annoncer la catastrophe de Parade. Tout y est de ce qui fit la grandeur de Playtime, l'ambition, les moyens, la singularité de l'univers, l'humour bon enfant, le burlesque minutieux, mais tout semble au-dessous, comme dénervé, comme privé de motivation. Là où les images créées par Tati étaient sur-puissantes, grandioses comme un opéra alors qu'on ne racontait qu'une petite histoire de rien du tout, ici la démesure semble dépasser le film, correspondre à une certaine mégalomanie chez le cinéaste, qui ne colle pas avec la modestie du propos. Tous les gags sont petits, proches d'un Sempé (qui n'est pas le plus puissant des dessinateurs, on l'avouera), dévoués à un esprit bon enfant et hyper-français qui manque clairement d'idées : on ne sourit guère là-dedans, à part par-ci par-là à un borborygme inspiré (le son est toujours parfait) ou à une correspondances de motifs un peu amusante. Tout est naïf et rigolo, rien n'est drôle à 100%. C'est peut-être la définition de l'humour du bougre (dont je n'aime vraiment finalement, que Mon Oncle et Playtime), mais il laisse ici de marbre, quand il ne gêne pas : certains gags, lourdement développés (les accidents à la chaîne), semblent infiniment longs. Restent bien sûr quelques fulgurances, dans les ambiances de petit matin en bord de canal par exemple, dans l'authenticité de ces petits villages anonymes, dans la silhouette de Hulot, toujours craquante ; mais tout ça reste trop petit pour emballer. Vous m'en voyez désolé.   (Gols - 28/12/23)

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