Madame porte la Culotte (Adam's Rib) de George Cukor - 1949
2000ème texte de ce blog, sortez les pétards et les cornes de brume. Bon, ceci dit, je fais pas dans l'éclat, puisque Adam's Rib m'a semblé assez terne, un peu comme un samedi soir tranquille, si vous voulez. C'est une petite comédie charmante reposant sur les épaules du couple Hepburn/Tracy, donnant aux deux icônes une énième occasion de prouver leur glamour attitude toujours au taquet, mais ça ne va aussi guère plus loin que ce mignon duel domestique.
On prend donc deux stars, et histoire de faire croire qu'on leur donne en plus quelque chose à jouer, on invente une trame sans conséquence : Tracy et Hepburn sont avocats et vivent un ménage parfait, jusqu'au jour où il se voient confier une affaire judiciaire épineuse : une femme a tiré sur son mari infidèle. Hepburn défend la femme (et la Femme avec majuscule, du même coup), Tracy l'homme, d'où disputes d'alcôve, noms d'oiseaux qui fusent et mines boudeuses. Bon. C'est très rarement drôle, mais c'est gentillet comme tout, très mignon, et suffisamment bien joué pour vivre sa vie jusqu'au bout. Les deux acteurs sont dans leurs pantoufles, lui en bougon gentil et amoureux, elle en femme libérée et forte. La complicité éclate dans chaque séquence, ces deux-là n'ayant plus rien à prouver en matière de bagoût et de raffinement. On est dans la pure comédie de caractères, avec des dialogues fins et enlevés, et un catalogue de personnages secondaires bien dessinés.
Manque sûrement là-dedans l'hystérie qui est la marque des grandes comédies ricaines. Cukor ne déborde jamais, se contentant d'un sourire bienveillant là où on aurait aimé de la folie furieuse. Les disputes de couples semblent être jouées "pour de faux", insérées dans un processus bien trop balisé pour être vraiment tenues : on ne tremble pas pour la sérénité du couple, convaincus que la minute d'après les verra tomber dans les bras l'un de l'autre. La mise en scène de Cukor, que nous appelerons "modeste" pour ne pas remarquer son indigence, filme frontalement celui qui parle, panote quand un nouveau personnage entre dans la pièce, et accumule les champs/contre-champs pépères. Quelques bonnes idées, pourtant, notamment la séquence où Hepburn demande aux jurés d'imaginer les accusés en inversant leurs sexes : les femmes deviennent des hommes et inversement, avec beaucoup de simplicité dans l'exécution. Au rang des jolies inventions aussi, cette chanson répétée en boucle et qui rend fou furieux le bon Spencer, et puis le fond gentiment provocateur sur la lutte des sexes (même si Cukor finit par s'embrouiller complètement dans son discours). A part ces quelques éclats, un film qui reste seulement dans le domaine du charmant. Enfin, bon, toujours un plaisir de revoir ces acteurs à l'ancienne...