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7 juillet 2008

Mishima - une vie en quatre chapitres (Mishima : A Life in Four Chapters) (1985) de Paul Schrader

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Difficile de faire plus barrée que la vie de Yukio Mishima. Paul Schrader bénéficie des gros moyens des studios de la Zoetrope (Coppola & Lucas), de la musique envoûtante (un peu pompière à l'usage mais soyons respectueux) de Philip Glass, pour tenter de décrire toute la complexité de cet homme qui tenta d'allier l'Art et l'Action - on imagine mal Jean-Luc Godard se faire hara-kiri sur l'esplanade de la Cinémathèque, c'est juste un exemple. Visuellement d'une grande richesse, construit sur trois niveaux (l'ultime journée, des flash-back sur sa vie et des mise en scènes, littéralement, de trois de ses oeuvres), Mishima est une oeuvre d'une bien belle tenue.

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Mishima, entouré de quatre de ses fidèles lieutenant (il a créé sa propre armée d'une centaine d'hommes dans l'esprit des Samouraï - ouais déjà, on se dit que le Japon c'est une autre culture...) entreprend d'aller prendre en otage un général de l'armée, le temps de faire un discours aux militaires sur les valeurs qu'il défend (pureté, anti-corruption, anti-capitalisme, gloire à l'Empereur et po de saké) avant de se faire hara-kiri. Avant d'évoquer le dernier acte de cette vie qui ne manque pas de brio -ou de ridicule-, on revient en noir et blanc sur son histoire personnelle tout en mettant superbement en image trois de ses oeuvres majeures : celles-ci illustrent son apprentissage difficile face aux corps des femmes, son attirance pour le sado-masochisme, ou encore son sacrifice au nom de l'Empereur et les grandes valeurs (un peu starbées...) de la voie du Samouraï. On ressent chez l'individu cette volonté constante d'unir les mots aux actes, de rester fidèle à un discours moral (po la même, moi) tout en glorifiant le corps (po le même non plus, mais allez courir, vous, quand il fait 58 degrés à l'ombre). Le soin apporté à l'adaptation de ses oeuvres frôle certes un peu le manièrisme, mais demeure d'une immense beauté, dans les décors (on se croirait presque dans un Kurosawa dernière période), le sens de l'éclairage et dans la précision de la mise en scène; le décor de la Pagode d'or coupe véritablement le souffle, la mise en scène des soldats sous cette arche brisée ferait presque penser à du Lynch... tendance Dune, mouais.

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Schrader tente dans une certaine mesure de ne point se faire happer par cette personnalité hors du commun - lors d'un ingénieux contre-champ il montre à quel point son discours final est quasiment inaudible pour les soldats rassemblés dans la cour - tout en tentant d'explorer les multiples facettes de l'artiste. Bien que d'une certaine complexité, on parvient aisément à suivre les méandres de l'intrigue où ce personnage de Mishima oscille entre une certaine dose d'humour (le discours à la suite de son seul film Yûkoku) et un sérieux qui fout la chair de poule. Sans concession, jusqu'au bout, par rapport à ses principes, il faut avouer que la mise en scène finale de sa mort est digne d'un de ses personnages romanesques. Un être entier, aux prises de position très discutables, dans un film dont les choix artistiques, a défaut d'être toujours sobres, donne un bel écrin à ce personnage... définitivement atypique...   

cri

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