Diary of the Dead - Chronique des morts vivants (Diary of The Dead) (2007) de George A. Romero
Grosse promo sur le film "pseudo amateur" tourné avec sa "petite caméra" DV ultra haute définition; on n'attend plus que le dernier film de vacances de Lelouch en 16 mm avec Line Renaud et Annie Girardot en monstres (on va encore se faire insulter, gratuitement, désolé camarade). Bref, là c'est tout de même Romero qui s'y colle sur une sempiternelle variation sur le retour des morts-vivants. On pense, au départ, dans la lignée du précédent, que ce sont les laissés-pour-compte de la société, les émigrants illégaux qui reviennent sur le tapis, mais comme l'énonce la voix profonde de Del Toro : "ce n'est plus une question de frontière géographique, mais de frontière entre la mort et la vie"... Oui et ? En fait Romero fait un film de morts-vivants qui plairait à Godard (je m'avance peut-être un peu) en portant sa réflexion sur le poids des images : si cela n'est pas filmé, dans notre monde qui se gave à foison de youtube de dentifrice, c'est comme si cela n'avait pas existé... La chansonnette n'est pas vraiment nouvelle, et si ce n'est de petites piques sur la manipulation des images par les médias (c'est les Chinois qui vont être contents), de gentilles impressions de "déjà vu" - lorsque la réalité rejoint la fiction (l'attaque de la momie sur la fille aux seins avantageux dans les bois en ouverture et fin du film), d'épinglement de l'indifférence des spectateurs comme celle finalement de la personne qui tourne "un spectacle" d'horreur (accidents de voitures, meurtres en direct live... Romero fait au moins 23 jeux de mots sur le verbe "to shoot" forcément bien ambigu en anglais), on a tout de même l'impression, après Redacted, Cloverfield ou [rec] dont parlait mon collègue, qu'on "tourne", pour le coup, un peu en rond... Roméro remplit son cahier (diary...) des charges honnêtement avec explosions de crânes, chairs mangés à l'acide, tueries en tout genre (le prof alcoolo qui achève les zombies de façon "friendly" (eheh) à l'arc ou au sabre) mais, sans vouloir être dur, on se croirait presque parfois dans 28 jours plus tard (si, c'est dur quand même) tant cela manque d'innovations dans la mise en scène (utiliser les caméras de surveillance dans son montage, ça va deux minutes...) et finalement presque de vrai fond - beaucoup de facilités dans les scènes dites "intermédiaires". On tente de jouer le jeu, de sursauter quand on est censé avoir peur, mais plus par sympathie pour Roméro que devant le suspens vite émoussé du film. En guest star, la voix de Stephen King et déjà en prévision, la suite de ce journal. En espérant retrouver un ton critique et social un peu plus tranchant... (Shang - 03/06/08)
100% d'accord avec mon alter-ego : on a follement envie d'aimer Diary of the Dead, parce que c'est du Romero, le gars qui nous a éblouis avec Night of the Living Dead, un des derniers réalisateurs politiques, et parce que sur le papier le projet est bon. Mais las, on se retrouve franchement déçu à la fin du film.
En fait, son principe de faux documentaire fait long feu. Le savant montage entre vidéo amateure, reportages télé, images volées sur Youtube et autres plans de caméras surveillance ne sert strictement à rien. Il n'y a pratiquement aucun discours dans Diary of the Dead, juste une forme qu'on voudrait profonde et qui ne sert aucun but. On compare bien entendu avec les précédentes tentatives du genre, et on constate : 1) qu'au niveau purement sensationnaliste, le film est très en deçà de [Rec] ou de Blair Witch : on n'a pas vraiment peur, et Romero échoue franchement à utiliser les possibilités d'effroi qu'un tel dispositif pouvait laisser espérer ; 2) qu'au niveau de la critique des images, du sous-texte politique, le film n'arrive pas à la cheville de Redacted, qui, lui, savait proposer un vrai fond par l'utilisation de ces "images vraies". Romero n'a d'ailleurs pas le courage de ses ambitions, puisqu'en lieu et place des images cradasses de ces prédecesseurs, il choisit de mettre en scène des étudiants en cinéma, bardés de caméras en tous genres : le résultat est un film "trop monté", multipliant les champs/contre-champs et effaçant du coup tout amateurisme à sa mise en scène. Résultat, on se sent extérieur, et on ne tremble pas.
Ce ne sont pas les quelques pensées faussement malines énoncées par la voix off qui parviennent à ajouter une quelconque profondeur à ce dispositif, et on se retrouve avec un film franchement vide et qui ne fait franchement pas peur. Alors on se rattrappe sur les excès gore inhérents au cinéma de Romero, et là, satisfaction, puisqu'il y a quand même quelques bonnes idées bien sanglantes. Les moyens pour dézinguer les zombies sont très variés (de l'arc à l'acide) et bien cradasses, et l'utilisation à l'ancienne des maquillages fait son effet. Romero, c'est la vieille école du faux sang au ketchup et des grognements sinistres, c'est joli et rigolo. La dernière scène renvoie au final de Night of the Living Dead, c'est plutôt touchant, même si ça sonne plus comme un constat de perte de talent. C'est pas désagréable non plus, pas si mal joué vu le niveau ordinaire des films d'horreur, il y a deux-trois gentilles attaques anti-américaines, mais... Le meilleur film politique de morts-vivants reste pour l'instant Homecoming de Joe Dante (et J'ai pas sommeil de Claire Denis, à cause de Line Renaud). (Gols - 01/07/08)