Shadows (Senki) (2007) de Milcho Manchevski
Je me faisais une certaine joie de découvrir le dernier film du réalisateur macédonien après le poétique Before the Rain. La séquence d'ouverture commence plutôt fort avec un homme, très colère avec sa femme, qui prend sa caisse, roule à deux mille à l'heure et se fracasse dans un accident que n'aurait pas renié Tarantino. On sent que notre gars est à l'article de la mort mais il finit par échapper miraculeusement à ce carambolage de tous les diables. On retrouve notre homme, Lazar, (euh tiens c'est marrant comme dans la Bible, nan quand même????) un an plus tard, tout rafistolé, qui s'apprête à reprendre son taff de docteur en ville. Il part en solo après des vacances chez ses parents, sa femme n'ayant pas l'air vraiment pressé de le rejoindre. A peine arrivé à l'appart, il découvre une vieille grand-mère sur son sofa qui parle une langue toute bizarre, puis peu de temps après un mort-vivant moustachu qui ne cesse de laisser des traces de sang dans l'escalier... On commence un peu à serrer des fesses en se disant qu'au pire c'est un scénario de Marc Levy ou qu'au pire c'est un film de Shyamalan... On serrera des fesses jusqu'au bout, mortifié devant un tel scénario. Manchevski multiplie les images un peu trop stylisées pour être honnête (dans le genre l'Enfer de Tom Twyker pour donner une idée, pas une référence), nous gave d'une musique omniprésente qui finit plus par saouler que par coller aux images, érotise le tout dans une histoire d'amour certes très chaude mais d'une superficialité digne d'une pub pour Yoplait (il y a un véritable ballet de minijupes, une vraie promo touristique houellebecquienne, ce film) et on est effaré en se disant que Before the Rain, film rare et subtil, a dû être signé par un homonyme. Ah oui l'image est léchée, il est pas rat sur les effets de lumières et les joulies couleurs le Milcho, mais franchement lorsque l'intrigue se résout (un ridicule sans nom) on se demande bien comment on a fait pour tenir deux heures devant une telle soupe : les relations entre les individus (ma femme m'aime po, ma mère m'a castré, ma voisine est la femme de ma vie) sont simplistes au possible et flirtent avec une psychologie de bas étage aussi indigeste qu'une macédoine qui a (mal) tourné. Manchevski est l'ombre de lui-même et déroute méchamment avec cette oeuvre qui ferait passer le Sixième Sens pour un chef-d'oeuvre...