Rétribution (Sakebi) de Kiyoshi Kurosawa - 2007

Des fantômes au visage étrange qui bougent bizarrement, des tâches morbides sur les murs, un fantastique tranquille et sans effets, un quotidien filmé comme une expérience surnaturelle, le tout sur fond de culpabilité enfouie et de passé mal digéré : on est bien chez Kiyoshi, et c'est bien là que Rétribution peine un peu à emporter le morceau. Le gars maîtrise maintenant à la perfection ce fantastique feutré, et on dirait qu'il se repose sur ses bases, reproduisant paresseusement ses motifs habituels.

Non pas que le film soit ennuyeux ou raté ; mais c'est du KK, quoi, rien de plus. Sujet déjà abordé dans ses autres films, forme déjà vue chez lui, jusqu'aux détails de mise en scène qui rappellent quelque chose (la robe rouge du fantôme, cette façon de le faire passer très lentement de l'arrière-plan au gros plan, cette façon aussi de le faire apparaître comme s'il était déjà dans la pièce de tout temps)... on est tranquillement dans ses pantoufles, sans aucune surprise. Même s'il tourne toujours autour des mêmes thèmes, il y avait pour l'instant dans chacun de ses films un petit quelque chose à expérimenter, une façon courageuse de prolonger ses réflexions et sa réalisation. Ici, on a droit à une compil, certes amusante mais un peu feignasse.

Kurosawa s'enferme ici dans un scénario trop complexe (pas sûr d'avoir tout compris sur la fin), trop écrit, qui laisse de côté la philosophie métaphysique de ses plus grands films. Le seul enjeu de Retribution consiste à essayer de deviner pourquoi ce fantôme vient harceler un pauvre flic innocent, et ça fait long feu. On en a vite assez de cette énigme policière, d'ailleurs résolue de façon un peu bâclée et facile. Restent bien sûr quelques inspirations visuelles touours au taquet, comme cette série de meurtres filmée dans la simplicité, dans une mise en scène mathématique et frontale, sans affect ; ou comme ce visage de fantôme, opaque et superbement éclairé, inquiétant alors qu'il est plutôt beau et calme. L'humour noir est toujours là aussi, bien géré par le toujours génial Koji Yakusho, avec ces effets horrifiques sans arrêt repoussés, et qui se concluent souvent par une grande sobriété là où n'importe qui aurait choisi l'hystérie ; le travail sur le son est impeccable. Bref, bon travail, mais déjà vu chez le gusse. Le seul défaut de Rétribution est finalement d'arriver après Cure, Kairo ou Séance.