The Good German (2006) de Steven Soderbergh
Le touche-à-tout Sodebergh s’attaque cette fois au film historique/film noir et convainc à moitié comme tout ce qu’il entreprend depuis Sexe, mensonges et Vidéo – quand ce n’est po complètement foiré.
Le journaliste George Clooney dans le rôle du gars qui enquête et qui est un bon gars (j’ai l’impression que ça fait 12 fois qu’il fait le même truc, non ?) retourne à Berlin et se retrouve bientôt impliqué dans le meurtre de son chauffeur (Tobey Mac Guire, rien contre, rien pour) dans lequel est liée son ancienne maîtresse, la toujours magnifique Cate Blanchett. Le mari de cette dernière, concerné plus ou moins directement dans la construction de fusées dans un camp de travail, est donné pour mort mais les Américains comme les Russes semblent encore à ses trousses… Bon le scénario est un peu alambiqué et je vous laisse la patience de le découvrir vous-même (ça s’appelle botter en touche). Les Américains ne sont jamais tout blancs dans cette après-guerre, quant à la mystérieuse Blanchett qui vampe tous ceux qu’elle touche, elle cache un secret sur lequel le George risque de se brûler. Ce dernier va bien s’engager dans une quinzaine de bastons à mains nues pour arriver à ses fins, chaque fois il va se prendre des branlées mais repartira toujours gaillard. Dans un noir et blanc relativement bluffant qui colle assez bien avec les images d’archives, on navigue entre Le 3ème homme et une fin très casablanquesque.
C’est un bel effort, rien à dire, mais on n’est jamais franchement emballé par le récit (bon certes, d’autant quand on reçoit 42 coups de fil au milieu du film, mais ça c’est juste pour dire) qu’on suit en se demandant un peu parfois ce que Soderbergh tient à nous dire : oui les Américains sont po gentils-gentils, oui il ne sert à rien de juger les autres car jusqu’où chacun serait prêt à aller pour sauver sa peau, et… ? C’est un film de bonne facture, certes, mais qu’on aura peut-être tendance à ranger rapidement auprès des autres – factures, oui, jeu de mot. (Shang - 02/02/07)
Pas mieux. Le souci, c'est que personne ne semble réellement croire à ce film assez inutile. Les acteurs sont assez fades, alors qu'on sent bien que Soderbergh les dirige vers la mélancolie, vers une tristesse lente et nostalgique (sorte de cliché de l'âme allemande, je dirais) : si ça colle pas mal avec le physique très vintage de Cate Blanchett, assez convaincante en poupée de porcelaine livrée aux apétits sexuels des hommes, ça semble être trop en contre-emploi pour le reste de la distribution : Maguire est un jeune homme bien trop moderne pour faire croire à sa petite frappe à l'ancienne, et Clooney ne réussit jamais à rendre compte de cette obsession amoureuse censée le guider. Il affiche avec obstination son fameux sourire trop calss habituel, mais cette fois ça lui donne un aspect petit malin qui ne correspond à rien. Il n'a pas le courage de son rôle, et on dirait qu'il refuse de jouer le looser romantique écrit dans le script. Mauvais choix d'acteurs, tout simplement.
Soderbergh lui-même semble peu concerné par ce film, qui devient presque en direct une parenthèse dans sa filmographie. Mise à part cette reconstitution assez creuse des grands films hollywoodiens (de Aldrich à Hitchcock, de Walsh à Welles), on cherchera effectivement en vain ce qui a pu le pousser à réaliser The Good German. Il n'aime clairement pas assez ce cinéma-là, ou alors mal, en collectionneur culte, pas en amoureux. Un peu comme Tarantino avec ses trucs de série Z, il ne sait que copier, certes élégamment, les trucs de mise en scène de ses aînés (transparences, contrastes très marqués, costumes et maquillages au taquet). Certainement a-t-il voulu livrer un opus "délicieusement contemporain", en recyclant des grands motifs ; le sample n'est-il pas un des grands "bidules" les plus utilisés par nos auteurs fashion ? Mais il ne réussit qu'à livrer une photocopie un peu passée, que son scénario fade n'arrive pas à doper. Raté : le film est beaucoup plus daté que ses modèles. Ennuyeux et mou du genou, The Good German est déjà oublié, cqfd. Mieux vaut se retaper Casablanca pour avoir une idée de ce qu'est la vraie classe. (Gols - 17/04/08)