Cello (Chello hongmijoo ilga salinsagan) de Lee Woo-Cheol - 2005
Voici du film d'horreur élevé en batterie, incapable d'avoir une idée par lui-même, et qui donc recycle allègrement toutes les scènes classiques du genre en les mettant bout à bout, le tout vaguement maintenu par des bouts de scotch épais quand ce ne sont pas des cables. C'est incroyable, tous les motifs y sont : la petite fille mutique et inquiétante, la gouvernante austère, le traumatisme enfoui, le fantôme qui avance par saccades, la cassette hantée... Lee invente le film-compil avec une fainéantise et une roublardise qui laissent pantois. Kurosawa, Nakata, Amenabar ou Miike (ainsi que tous les réalisateurs-tâcherons des films d'horreur récents) pourraient se faire des millions sur un procès en plagiat.
Si encore, au milieu de toutes ces scènes déjà vues, Cello arrivait à trouver un ton, voire à raconter une histoire... Mais non : la mise en scène est affreuse, à cause d'un montage qu'aurait renié un vidéaste amateur et qui rend illisible la plupart des séquences (qui est qui ? qui est où ? qui est mort ?), et à cause d'une sorte de fierté de chaque effet qui alourdissent tous les moments de terreur. On sent venir les effets trente secondes avant, et du coup on s'endort à moitié plutôt que de bondir dans son fauteuil, réveillé seulement par les désormais célèbres stridences de violon qui viennent marquer les passages où on est censé avoir peur. Les personnages sont tellement vus et revus, les acteurs si mauvais, qu'on n'est qu'agacé par ces figures éternelles de femmes terrifiées, de maris responsables et courageux, de petites filles tourmentées et de fantômes glacés. Jamais aucune empathie envers l'héroïne, jamais aucune répulsion envers les méchants : on attend la scène suivante sans envie, et c'est tout.
Quant à la trame, elle est totalement incompréhensible, tant Lee veut raconter tout et n'importe quoi : la folie d'une femme, la possession de sa fille par la musique, l'élimination de la cellule familiale, la vengeance d'une jeune fille jalouse, on ne sait plus à quel fil s'accrocher, et on n'y comprend goutte. Le ponpon est atteint avec cette fameuse gouvernante inquiétante (on nous explique qu'elle a avalé de l'acide, qu'elle veut se suicider, et elle semble prendre une emprise troublante sur la petite fille), qui ne sert strictement à rien dans l'histoire, et qui disparaît comme elle était arrivée à un quart-d'heure de la fin, sans avoir fait quoi que ce soit. On va de flash-backs traumatiques en coupures de courant sans apercevoir la moindre explication, le tout se terminant roublardement par l'explication la plus facile du monde : ben oui, mais vous comprenez, l'héroïne est folle, donc normal qu'on comprenne rien, on vous a montré la projection de ses délires. Ben voyons, pourquoi se priver ? Cello est un gros navet.