Le Jour des Morts-Vivants (Day of the Dead) (1985) de George A. Romero
A croire que nous étions avec Gols dans le même esprit morbide hier soir... Bah y'a plus de saison. Troisième volet de la trilogie de Romero : il ne faut point se le cacher, elle manque cruellement de moyens et malgré de beaux efforts sur le côté gore et les maquillages, elle péchouille dans les décors, le jeu des acteurs et la musique (qui ferait passer celle de mon ascenseur pour du Death Metal). Mais on le sait bien, Romero a d'autres cordes à son arc, et double toujours ses films d'horreurs d'une petite réflexion gauchiste sur la société bien souvent du meilleur effet.
C'est surtout les militaires cette fois-ci qui en prennent pour leur grade, un peu comme si ces morts-vivants étaient les émanations de toutes les bombes qu'on a fait pêter, des multiples carnages guerriers, voire tout simplement de l'arrogance humaine - l'idée est émise par un des gars qui évoque un genre de punition divine. Ces militaires se retrouvent associés avec une équipe de scientifiques pour tenter de résoudre le problème; à chacun ses subtilités : les militaires veulent rentrer dans le lard et tout détruire (Ok George B., je note, d'autres idées ?), et les scientifiques espèrent trouver une solution pour contrôler ces affreux monstres qui se retrouvent quand même à 400.000 contre 1. Certes les scientifiques ne respectent po toujours l'éthique à la lettre en tronçonnant dans tous les sens des cadavres, notamment ceux d'hommes qui viennent de mourir... Mais le professeur dit Frankenstein touche à son but : il est possible d'éduquer ces gros trucs qui font brrrgh et arghlou en leur faisant écouter du Beethoven (il avait pas encore de Muse sous la main); la scène où le gars mort-vivant, Bub, commence à faire preuve d'une première pointe d'émotion dans son petit oeil vert est franchement l'une des grandes réussites du film. Dès qu'il voit un militaire par exemple, il a envie de le flinguer, ce qui nous le rend d'autant plus sympathique. Malheureusement la dissension va devenir de plus en plus forte entre les militos et les laboratos, et les morts vivants d'avoir leur chance de revanche...
Romero n'est pas pressé et prend une sorte de malin plaisir à nous faire suivre pendant une heure le face à face en huis clos des deux groupes sans nous montrer une créature échappée du Thriller du pauvre. Sur le final, on sent bien qu'il se déchaîne et qu'enfin il peut rassasier son public d'aficionados de giclées de sang et de chairs humaines dégoulinantes. Mais le meilleur, finalement, est déjà passé avec cette séquence éducative digne de L'Enfant Sauvage (j'en fais peut-être un peu trop quand même...). Définitivement daté dans son esthétisme, quelques effets spéciaux vintage "cousus main" gardent tout de même leur charme, et Romero clôt la série dans un assez bon jour.