Blood Diamond d'Edward Zwick - 2007
Les grosses machines américaines de qualité sont suffisamment rares pour qu'on les note soigneusement, et, dans le genre vidage de cerveau, Blood Diamond est tout à fait convaincant. Il y a là-dedans ce qu'il faut de scènes de climax, de goût de l'aventure, de romance pas trop rose et de personnages sympathoches pour qu'on ne se prive pas de son plaisir.
Alors bien sûr, les pièges inhérents à ce genre de projet ne sont franchement pas évités. Zwick se pique de faire un film engagé, et situe son histoire en pleine guerre civile en Sierra Leone. Di Caprio interprète une sorte de mercenaire rompu aux règles militaires, qui exploite tranquillement l'horreur des combats en livrant des diamants à des revendeurs américains, en surfant sur la misère humaine pour faire son blé. Le film se veut entre autres une critique de l'exploitation des pauvres par les riches, et fustige les profiteurs en tout genre qui s'enrichissent sur le dos des morts. Mais ce discours fait long feu, puisqu'au final, Zwick ressemble bien à son personnage principal : il exploite le spectaculaire de la guerre pour produire un objet tout feu tout flamme, faisant lui aussi son beurre des exactions honteuses des conflits. S'appuyer sur un fait réel et insoutenable pour faire un film d'action, c'est pas joli-joli, Edward. Du coup, son discours humaniste a bien du mal à franchir la barre, et il l'abandonne d'ailleurs bien vite pour se concentrer sur le pur spectacle. Ce n'est que dans le dernier quart-d'heure qu'il se souvient qu'il se doit d'être de gauche, et il boucle tout ça au scotch épais avec quelques scènes inutiles et nazouilles.
Il est bien plus à l'aise dans l'aventure pure, et de ce côté-là satisfait tranquillement nos envies. Di Caprio est un personnage assez bien dessiné pour porter toute l'histoire sur ses épaules : vénal, sans scrupules, uniquement guidé par sa soif de l'or, il convainc par son côté antipathique, par l'audace qu'il y a à interpréter cet anti-héros. Zwick le place face à des personnages vibrants d'humanité concernée, et c'est lui qu'on regarde pourtant, personnage crasseux et gênant qu'il restera (presque) jusqu'au bout. Et puis Zwick a aussi un bon sens de la trame : au milieu de cette guerre civile pleine de dangers, il écrit une espèce de chasse au trésor attachante. Le but du jeu est de retrouver un gros diamant enterré au milieu des tirs d'obus et des rafales de mitraillette, et Blood Diamond est franchement rigolo de ce côté-là, tenant toutes les promesses du suspense et de la surprise. Les scènes d'action sont pléthoriques, certes assez répétitives (Di Caprio qui court comme un dératé au milieu des fusillades), mais suffisamment chargées en tension et joliment montées pour tenir en haleine. La trame principale, qui se double de celle, plus fadasse, de la recherche d'un petit garçon embringué par les forces armées, va son chemin tout droit sur 2h20, avec son lot d'échecs et d'espoirs, et c'est très agréable. Si vous cherchez un film engagé, passez votre chemin ; si vous voulez rigoler en mâchant du pop-corn, bon choix.