Antonio Gaudí (1984) d'Hiroshi Teshigahara
Teshigahara ne s'encombre point de commentaires ni d'informations précises sur les diverses oeuvres de l'architecte et livre un véritable poème visuel. Même si on est une bille - comme moi - en architecture, on ne peut qu'apprécier l'extraordinaire jeu avec les courbes de cet artiste, quelque part entre le baroque et le surréalisme. Teshi se focalise surtout sur les arches en trompe l'oeil du maître, ces
voûtes surprenantes qui s'encastrent les unes dans les autres avec un poil de distorsion. Maître des formes alambiquées, convexes, concaves et j'en passe, plutôt que de dire des conneries, l'architecture de Gaudi est un régal visuel entre chou à la crème (c'est peut-être un peu sacrilège ça comme remarque, non?) et vision déformée par le rêve. Richesse de ces mosaïques qui explosent de couleurs, lieux sacrés possédant un éclairage éblouissant, escaliers qui s'enroulent et piliers champignonesques, avec en point d'orgue la fameuse Sagrada Familia toujours occupée à l'époque par les grues : que ce soit ces statues qui semblent sortir, voire naître de la pierre, ou ces colonnes qui poussent vers le ciel comme des stalagmites, tout respire le génie visionnaire d'un créateur singulier. Ca se voit d'ailleurs en passant qu'il n'a jamais rien construit à Shanghai, le bougre. Souligné par une musique étrangement dissonante et envoûtante, ce documentaire possède une force hypnotique indéniable - bon je suis un peu fatigué aussi. Vu l'atmosphère d'étrangeté et de créativité qui plane dans les films de Teshigahara, il n'est point surprenant, malgré l'éloignement et les différences entre les deux cultures, que les deux artistes se retrouvent ainsi à la croisée des chemins. Amen.

