Chromosome 3 (The Brood) de David Cronenberg - 1979
On se demande bien parfois qui s'occupe de la traduction des titres en français. C'était mon introduction.
The Brood est un film on ne peut plus cronenbergien, qui réserve son lot d'excroissances visqueuses, de personnages barrés, de gore et de psychologies déviantes. Une femme enfermée dans une clinique suite à des troubles psychologiques liés à son enfance difficile, se met à exprimer sa rage concrètement, en donnant naissance à des petits monstres guère urbains qui passent leur temps à assassiner les êtres qui ont fait du mal à maman. Brillant sujet, frontal et concret, que Cronenberg traite comme tel : le film ne s'embarrasse pas de subtilités, et en envoie plein la binette. Bâti sur un rythme rapide (malgré les subtiles digressions, sur d'autres malades, sur les rapports entre le père et sa fille), il fait la part belle aux scènes spectaculaires, qui semblent plus passionner le gars que les dialogues. Les scènes d'assassinat sont montées au taquet, brutales, effrayantes, rythmées par une musique "psycho-esque" de Howard Shore (grincements de violon, instruments traités sous leurs possibilités rythmiques plus que mélodiques). Les choix esthétiques de ces scènes sont parfaits, notamment le choix de vêtir ces petits meurtriers avec des survêtements colorés, costumes dérisoires qui augmentent l'angoisse, ou ces grognements glauques qu'ils émettent, les rapprochant du sanglier plus que de l'enfance. Ces gremlins sont dévoilés au compte-goutte, Cronenberg sachant ménager ses effets pour faire monter le suspense. L'explosion de violence dans la scène centrale de l'école, où les monstres attaquent la maîtresse devant les yeux des enfants, est magnifiquement maîtrisée ; et au milieu de cette éclate, Crony n'oublie pas d'être attentif aux petites choses, les répercussions de cette scène sur les gosses, l'importance du son, le potentiel de son décor. On peut regretter que le film soit vraiment très laid visuellement dans toutes les scènes plus calmes ; ça a méchament vieilli, depuis les décors délavés jusqu'aux acteurs permanentés ridicules. C'est pas grave, il ya assez de choses très belles pour qu'on ferme les yeux sur ces fautes de goût bien pardonnables.
The Brood est également brillant au niveau du scénario, en ce qu'il rend concret et spectaculaire un concept purement abstrait. La crise de la cellule familiale, la folie de la mère, la violence de la société, sont ici frontalement traitées. Là où n'importe quel autre réalisateur aurait surchargé son film de dialogues, d'explications, d'interprétations alambiquées, Crony choisit l'effet, le visuel, l'effet plutôt que la cause. On assiste donc à un film psychologique ET à un film d'horreur. 2 en 1, que demande le peuple ?