Dong (2006) de Zhang Ke Jia
En parallèle avec le tournage de Still Life dans la vallée des trois Gorges, Jia Zhang Ke filme le peintre Liu Xiaodong; la première partie du film est consacrée aux ouvriers chinois qui passent leur journée à taper sur des cailloux : Liu Xiaodong les peint au repos, en train de jouer aux cartes, avec cette fameuse vallée en toile de fond; on le suit également lorsqu'il rend visite à la famille d'un des ouvriers morts, passage d'une grande émotion dans la Chine rurale, avec la gamine, la mère, le grand-père qui bourre sa pipe, les 28 voisins, bref tout le monde, avec la larme à l'œil et Xiaodong qui finit même par être submergé par l'intensité de cette rencontre - c'est po la Chine des J.O... La seconde partie est située à Bangkok avec la réalisation d'un immense panneau sur des "filles de joie", comme disaient ma grand-mère, elles aussi en pause/pose; Jia Zhangke se focalise sur une fille pendue à son portable, qui sonne désespérément dans le vide... On apprend en fin de compte qu'elle s'inquiète pour sa famille restée dans le Nord de Thaïlande, suite à des inondations. L'ensemble est filmé avec toujours un grand sens des cadres et de l'éclairage, avec une grande douceur comme un écho au travail du peintre qui, revenant sur son art, explique avant tout qu'il cherche à traduire dans sa peinture toute la "dignité d'être humain" de ses modèles. D'où son intérêt en particulier pour ces visages et ces corps peints sur d'immenses toiles grandeur "nature". Belle rencontre d'un grand cinéaste et d'un artiste chinois en plein travail.