Les Valseuses (1974) de Bertrand Blier
"Y'a pas d'erreur possible, on est bien en France" s'exclame Depardieu dès que les voisins, tous à leur balcon, se proposent d'appeler les flics. 33 ans plus tard, le réflexe du sarkozien de base ne devrait guère différer.
Moins jubilatoire que Préparez vos Mouchoirs, Les Valseuses, définitivement le film de toute une époque et un méga pavé dans la mare (Miou-Miou aussi, par deux fois), demeure le film phare du triolisme. Jean-Claude et Pierrot (et ouais les prénoms de Depardieu et Dewaere) se tapent quand même successivement et dans différentes positions, Miou-Miou, Brigitte Fossey, Jeanne Moreau et Isabelle Huppert et "couvrent" ainsi une bonne période du cinéma français. Ce n'est jamais ensuite que l'histoire de deux petits branquignoles pas méchants qui n'ont pas envie, comme le rappelle Jean-Claude au bowling, "de se gaspiller, la vie est trop courte". Un grand vent de liberté, quoi, qu'étoufferont rapidement les Années 80-90-00... Ben ouais on file quand même un mauvais coton depuis. Le film démarre comme d'hab au quart de tour et touche un peu le fond dans ce très tristoune passage avec Jeanne Moreau - sortant de prison, ses deux anges gardiens réalisent tous ses voeux : Monoprix, croissants, bord de mer, resto de fruits de mer, nuit à trois - dont le suicide dans la foulée fait froid dans le dos (après ça, elle a tout connu du bonheur...? Diantre). Miou-Miou en peine à jouir et Brigitte Fossey dont les seins ne sont point des jeux interdits ne donnent pas non plus un portrait très exaltant de la condition féminine (toujours le même dilemme chez Blier, grand amoureux des femmes et grand machiste); heureusement pour une fois le film repart sur la fin avec la fameuse Jacqueline et ses parents en parfaits représentants de la France de papa. L'ultime trio final, décontracté du gland, reste un grand moment de complicité et de dialogues à la coule.
Si finalement peu de séquences sont aussi bien écrites sur la longueur que dans les films ultérieurs de Blier (diable, je pourrais pas faire cours demain sur ce film... Un peu trop de cul en plus), quelques répliques qui valent leur poids de coucougnètes... Allez juste pour le plaisir "Y'a bien un cul qui nous attend quelque part. Le problème c'est d'établir la liaison sans donner l'alarme", et pis cette spéciale dédicace auvergnate: "- Pas mauvaise cette potée! / - Ouais pas de quoi écrire une thèse..." Certes le film n'a plus ce parfum de scandale (et de découverte surtout) de notre bien (belle?) jeunesse mais demeure un pilier de ces années-là, quoiqu'en en dise.